Mon Condorcet par Roland Duhoux
Posté par Le Lensois Normand le 7 mai 2011
Après l’article de Christian Daubresse sur le collège Michelet, j’ai eu l’idée d’en faire un sur ce que ses bâtiments abritaient avant, c’est à dire le collège Condorcet. Qui était le mieux placé pour moi pour relater cette époque que mon « grand frère » Roland qui y suivit une bonne partie de sa scolarité ? Voici donc ses souvenirs.
L’examen de ces quatre photos (de classe) me renvoie plus de 60 ans en arrière.
Suivent quelques souvenirs personnels qui mériteraient d’être confrontés à d’autres témoignages pour s’approcher de la vérité et mériter de rivaliser avec l’excellence de l’article de Christian Daubresse sur l’histoire du Collège Michelet.
Il convient de signaler que nous sommes à peine au sortir de la guerre, que la France s’en relève difficilement et que les privations sont au rendez-vous pour la plupart d’entre nous.
Il apparaît que la mixité n’est effective qu’à partir de la classe de seconde quoiqu’une timide expérience ait été tentée dans les classes préalables avec la présence dans les rangs des garçons de Jeannie Lecerf, fille d’un professeur de math (et, je crois surveillant général) et d’Armande Danel , fille du « principal » (Présent avec la classe de 4ème auprès de Mr « Béraud », professeur d’anglais).
La classe de 4ème en 1945/1946
Le Collège Condorcet « ratisse » large. Les élèves viennent de Lens évidemment,ceux des cités périphériques faisaient la route à pied ou à bicyclette. On venait de loin, j’ai le souvenir des Winglois qui empruntaient le chemin de fer des mines et qui débarquaient chaque matin à la gare Sainte Elisabeth.
Il n’y avait pas de ramassage scolaire sauf pour deux habitantes de Courrières qu’un camion plus ou moins bien aménagé conduisait, ainsi que d’autres élèves, à Billy Montigny où elles prenaient un autre véhicule qui déposait son « chargement » à Condorcet, à Saint Paul ou à Sainte Ide. Ceci à l’initiative du service des Houillères.
Les conditions d’enseignement étaient précaires. Je pense en particulier à l’éducation physique. Les profs étaient confinés entre les cours dans un couloir que l’on avait aménagé pour les recevoir mais aussi pour y entasser leur peu de matériel pédagogique. J’ai une pensée pour Mr Deneux (?) qui nous conduisait au stade Raoul Briquet, au stade Bollaert ou opérait quelquefois dans un étroit espace cerné par les hauts murs de Condorcet, d’un côté et ceux de Campan, de l’autre.
Le Stade Bollaert avec au premier plan, le terrain des scolaires avec le mat
1946: ma mère meurt, J’ai 15 ans. Un cataclysme ! C’est l’année du brevet. Dans sa préparation je mets toute l’énergie possible pour honorer sa mémoire: elle aurait été si contente de mon succès.
La classe de 3ème
Comment en suis-je venu à prolonger ma scolarité vers le bac? Je n’ai pas le souvenir de réticences de la part de mon père. Quelques copains avaient choisi de le faire, j’ai « sauté dans leur roue ». La tendance dans la famille c’était d’essayer de sortir un peu de notre condition.
Mes sœurs avaient suivi une formation professionnelle (couture et mode). Ma mère, orpheline à 11ans, avait été recueillie par des oncles qui n’avaient pas tardé à la mettre au service de bourgeois. « Mes filles n’iront jamais « devant le monde » disait-elle. Au point de vue matériel, j’avais une bourse nationale et une bourse des mines assez conséquente. L’été, j’étais moniteur de colonie de vacances. Je n’ai jamais eu l’impression ni d’avoir été mal considéré du fait de ma modeste condition ni d’avoir été abusivement à la charge de la famille.
Roland à Grossouvre en 1949
Mes études ont été un peu chaotiques. L’année du premier bac a été perturbée par une opération de l’appendicite (un mois à l’hôpital) au cours du premier trimestre.
La classe de seconde, c’est le début de la mixité
En terminale, j’ai essayé de « faire » math élémentaires. J’y ai renoncé à la fin du premier trimestre pour « aller » en sciences expérimentales. Condamné à repasser l’oral et à être reçu pour pouvoir profiter du concours qui me permettrait d’entrer à l’école normale pour une formation professionnelle de deux ans (rémunérée)
La classe « Sciences Expérimentales », Roland, au 3ème rang à gauche, sa future épouse Madeleine au second rang,
2ème à partir de la droite et au premier rang, 2ème à partir de la droite, la future madame Daubresse.
On va fermer la parenthèse sur un peu de nostalgie: il y a sur ces photos des personnes avec lesquelles nous avons partagé une partie de notre vie, sept années qui ont été déterminantes pour notre avenir et qui restent chargées de réelles amitiés.
Michel Turpin, Druelle, Gilbert Besson, Paul Rodier, Raymond Carpentier, Yvette Verboven, Andrée Flanquart, Yvette Sauvet, Léonide Dziemba, Marie Madeleine Blondel, Jeanne Thévenot, Triquet, Culot, Claude Dépret, Drelon, Duforêt, Henri Lefebvre, Claudette Sarrazin, Julien Safran, Gorlas, Robert Manier, Poli, Serge Rigaut, Dieu.
Sans oublier quelques profs: Lecerf, Corbières, Tallemant, Melle Duhin, Remarck, Couplet (avec la classe de sciences expérimentales), Dutrez, Robillard, Kennis, Hulot, Wilhem, Dupire, les frères Billet. Pardon pour les autres.
ROLAND DUHOUX.
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