Le Concours des Bourses des Mines
Posté par Le Lensois Normand le 14 septembre 2011
Les «Bourses des Mines» ont été créées en 1946 pour aider financièrement les enfants de mineurs a poursuivre leurs études comme il est mentionné dans l’article 31 du statut du mineur.
Pour en bénéficier, à la demande des parents, les meilleurs élèves quittant l’école primaire pour la sixième devaient réussir les épreuves du Concours National des Bourses des Mines.
Les Grands Bureaux dans les années 50
Au début des années 50, à Lens, le concours se déroulait dans les salles des Fêtes des Grands Bureaux. Chaque année, plus de 300 filles et garçons endimanchés et en âge de rejoindre le collège s’y retrouvaient dès 6 heures du matin pour plancher sur des sujets de français ou de mathématiques.
Une salle avant l’épreuve (Photo Notre Mine – Juillet 1953)
Après avoir fait l’appel des candidats, chacun devait s’asseoir à une place désignée, prendre son porte-plume et inscrire sur la copie posée sur son bureau de bois son nom, son adresse et son école. Puis il repliait l’angle de la copie et la collait afin de cacher ces informations.
Les épreuves commencaient par la rédaction dont le sujet était parfois assez vaste :
Puis venaient les 75 minutes consacrées au calcul composé en général de deux problèmes qui avaient souvent rapport aux finances d’une ménagère, aux calculs métriques ou aux robinets qui fuyaient.
A 11h 30, c’était la pause. Tout le monde se dirigeait alors vers la grande salle impressionnante des Grands Bureaux pour y prendre le repas. Après quelques courtes escapades dans les jardins, il était 13h30, l’heure de retourner travailler. L’après midi commençait par la dictée et les questions. Après l’écriture du texte dicté par le surveillant de la classe, l’élève disposait de 45 minutes pour relire, corriger ses fautes et répondre aux questions en rapport avec le texte : analyses grammaticales, nature et fonction des prépositions, sens des mots et expressions. Voici cette épreuve en 1953 :
Puis on terminait par le «Compte-rendu de lecture» : un texte était lu trois fois par le surveillant puis le candidat disposait de 45 minutes pour le résumer et répondre à deux questions. Cette épreuve «fait appel à l’esprit d’attention et d’observation des nos candidats» écrivait alors le reporter de ‘Notre Mine’.
(Si cela vous dit, maintenant que vous avez tous les sujets, essayez de repasser aujourd’hui ce concours …. Ou faîtes le passer à votre enfant s’il entre en sixième ! C’est un bon test pour se rendre compte de l’évolution de l’enseignement en plus d’un demi-siècle).
Arrivait enfin 17h00 : cela faisait 11 heures que les élèves étaient sous pression. Il était temps de se dégourdir les jambes. Ceux qui habitaient dans les cités éloignées reprenaient l’autobus qui les avait transporté le matin.
Pendant de temps, les copies étaient mises sous scellés et envoyées pour correction à un jury national siégeant à Paris.
Dans les familles, on attendra avec espoir et crainte les résultats de ce concours car, pour beaucoup, cela signifiera qu’à la rentrée le candidat sera collégien ou galibot !
Beaucoup de jeunes lensois se souviennent de ce grand moment d’angoisse. Je l’ai vécu en 1963 lorsque j’ai passé (avec succès) ce concours : nos parents nous mettaient la pression. Si on échouait, ce serait à la rentrée les cours supérieurs de l’école primaire et le Centre d’Apprentisage à 14 ans ! Le concours se déroulait alors dans les classes du Collège Michelet que je devais, heureusement, rejoindre quelques semaines plus tard.
Car le concours n’était pas à la portée de tous : cet article de « Coup de Pic » (journal du groupe de Valenciennes) indique qu’en 1959 sur le territoire national, 2181 collègiens ont bénéficié des bourses des Mines en 1959 alors qu’à cet époque les Charbonnages de Frances comptaient près de 217 000 ouvriers et employés.
Curieusement aujourd’hui, les Bourses des Mines continuent à être allouées : depuis le 1er janvier 2008, l’ANGDM (Agence Nationale pour la Garantie des Droits des Mineurs) en assure la gestion (voir ici : http://www.angdm.fr/index.php?/fre/Prestations/Retraite-et-autres-prestations/Bourses-des-Mines ). Mais elles ne sont plus aujourd’hui tributaires d’un concours.
Certaines informations données dans cet article sont issues du journal «Notre Mine» de juillet 1953 que j’ai pu consulter au Service des Archives de la Ville de Lens.
J’ai passé le concours en 1956. C’est mon père qui, sur son vélo, m’avait conduit aux Grands Bureaux. Je n’ai malheureusement pas su lui faire honneur.
Très interessant! La pression devait être énorme sur de si petites épaules. Par curiosité, sais tu combien de bourses étaient données chaque année? Pour avoir un idée des chances de succès.
Merci à Arno de m’avoir attiré l’attention sur cet aspect des choses : j’ai ajouté un paragraphe pour donner une idée des chances de succès à ce concours.
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j’em rappelle n’d'avoir intindu parler , mais j’pinse ach’teur qu’tin parles , qu’chétot pas pour nous , ché du moins s’qu’ech’ pinsos , a tort p’t'ête , surtout d’apres s’que j’peux vire , ché niveau C E P ,( cor la j’su pas sur de s’que j’avinche ) mi s’qui m’faijot l’plus peur chétot l’rédaction , j’ai jamais été capape ed’ raconter in histoire ed’ plus ed’ trois lines sans em’mélanger mes pinceaux , ché rin j’vas arfaire in demande pour l’année prochaine
Bonjour
J’ai le souvenir d’avoir passé le concours des Bourses des Mines en 1955 aux Grands Bureaux (j’aimerais avoir copie des épreuves si c’est possible).Un des surveillants était Christian Daubresse qui par la suite devint mon collègue au Collège Michelet en même temps il était adjoint au maire de Lens.
Souvenirs,Souvenirs.