Merci à Catherine, une passionnée de l’histoire de Lens, pour tous les documents qu’elle me transmet avec autant de patience.
La première foire commerciale de Lens a lieu du 19 au 30 juin 1937. Elle est organisé grâce à une subvention du Comité d’Action rattaché à la Loterie des Régions Libérées (créé après la première guerre mondiale). La municipalité lensoise, dirigée par Alfred Maës, avait décidé que l’utilisation de cette subvention irait à une grande fête populaire pour tous les lensois et dont bénéficieraient les commerçants et artisans locaux.
Dans une agglomération de 280 000 habitants à l’époque, la Foire de Lens ne peut que réussir. Un comité d’organisation est aussitôt formé. L’une de ses premières tâches est la création de l’affiche.
Le mineur dessiné sur un fond représentant l’industrie minière symbolise la force et la prospérité qui commence à renaître avec l’amélioration de la production charbonnière.
Tout de suite, le nombre de volontaires pour participer à l’organisation de cette foire engendre des difficultés. Pour répondre à cela, un Conseil d’Administration est constitué. Le Président en est M. Clotaire Dengreville, Adjoint au Maire, il est assisté de MM. Pullemulle, Allix, Fauvet, Delcourt. Ce Conseil désigne comme Commissaire Général Edmond Buridan, garagiste sur le Boulevard Basly.
Aidée par Alfred Maës et la ville de Lens ainsi que par la Compagnie des Mines dirigée par M. Maxime Bucher, l’organisation est rapidement au point : le choix des exposants et du programme de la quinzaine sont ainsi déterminés.
Le samedi 19 juin 1937, à 14 heures, la Première Foire Commerciale de Lens ouvre ses portes sur la Place de la République.
Aussitôt, les visiteurs affluent de tout le bassin minier. A 15h00, M. Allix procéde au couronnement de la Reine de la Foire, Yolande Aubry et de ses demoiselles d’honneur, Louison Montois et Florence Dehoucq. Deux heures plus tard, c’est la réception officielle par les organisateurs de MM. Alfred Maës, Député Maire de Lens et Paul Sion, son adjoint également Député.
Ces personnalités accompagnent la Reine et ses dauphines dans une visite de la foire, s’arrêtèrent devant chaque stand et échangent quelques paroles avec les exposants. Le Maire félicite particulièrement les élèves de l’école primaire supérieure de Lens et leur directeur, M. Lucas.
Le dimanche 20 juin, Alfred Maës et M. Bailly, sous-préfet de Béthune remplaçant le ministre du Travail Lebas, retenu à Paris par les évènements, procèdent à l’inauguration officielle de la Foire.
Chaque jour voit une animation différente. Après les concerts des Harmonies de Billy Montigny et des Mines de Lens le dimanche, le lundi 21 sont organisés: une course cycliste, ‘Le Grand Prix de la Foire’ qui est remporté par un lensois nommé Thain, le tirage au sort de la tombola de la Société de Secours Mutuels, des représentations de la ‘Société des Ecossais de Noeux les Mines’ et, pour finir, un concert de l’harmonie Ouvrière Municipale.
Le mardi 22 est consacré à la colombophilie, ‘sport’ très en vogue dans le pays minier. Les ‘coulonneux’ lâchent des milliers de pigeons dans le ciel lensois.
Mercredi 23 : on a déjà dépassé les 30 000 visiteurs depuis l’ouverture. Ce soir là, c’est la Symphonie Accordéoniste Ouvrière Lensoise qui donne l’aubade. Le lendemain jeudi, comme il n’y a pas d’école, c’est le jour des enfants : théâtre de marionnettes, clowns, jeux et gonflage de ballon que chaque enfant, après l’avoir étiqueté à son nom, laisse s’envoler dans le ciel bleu de Lens.
Autre activité de l’époque le vendredi 25 : la gallophilie. Ce mot étrange évoquant plus une maladie qu’une distraction désigne en réalité les combats de … coqs, très populaires à l’époque. Sur la brochure relatant la foire, il est même écrit : ‘Un massacre général termina les concours’; concours qui est remporté par M. Eugène Hette de Lens dont le coq est aussitôt surnommé ‘Le Massacreur’.
Retour au calme le samedi avec le concert de la Société Philharmonique Lensoise et les démonstrations sportives de la société ‘L’Espérance’ de Harnes.
Le dimanche 27 est consacré à l’amitié franco-polonaise en présence de M. Matusinski, Consul de Pologne à Lille : de nombreuses sociétés polonaises participent au défilé en ville, au dépôt de gerbes au Monuments aux Morts et au grand banquet avant d’animer l’après midi avec des ballets, spectacles, chants, concerts et exercices acrobatiques. Parallèlement, une grande course motocycliste organisée par le Moto Club Lensois regroupe plus de 250 concurrents.
Lundi 28 : la compagnies d’acteurs comiques ‘Les Intimes de Beuvry’ animent la journée de leurs spectacles burlesques. Le soir, c’est la société de ‘La Jeunesse de Loison’ qui donne un grand concert devant un public nombreux.
Mardi 29 : ‘Faite chauffer les cartes’ : la journée entière est consacrée à un immense concourt de manille dans la salle des Fêtes de la Foire.
Le lendemain arrive la journée de clôture. La fête se termine en apothéose avec la passage du Tour de France près de la foire (Place Jean Jaurès), un grand gala de boxe, un concert de l’Harmonie des Enfants de Lens et l’annonce du résultat du grand concours photographique.
Le soir, une grande fête de nuit termina le programme des festivités.
La Foire Commerciale eut lieu également en 1938, du 30 avril au 12 mai et du 29 avril au 14 mai 1939. L’affiche reprit la même image lors de chaque édition. La foire fut interrompue en 1940 pour les raisons que l’on connait.
En 1939, un bureau temporaire philatéliste fut ouvert avec un cachet postal spécifique à la foire.