François, François et Papa ….

Posté par Le Lensois Normand le 7 mai 2012

   Hier soir, devant ma télé, j’étais comme des millions de Français attiré par les images de notre nouveau Président.

    Ce que j’ai ressenti ? Pas la même chose qu’en 1981. D’abord, en 81, j’étais au Havre et dans mon entreprise, nous étions en grève depuis plusieurs jours lorsque sont tombés les résultats de l’élection présidentielle du 10 mai. La joie n’avait d’égal que l’espoir que suscitait la victoire de François Mitterand. Bien sur, le plan de ‘restructuration’ envisagé par la Direction et cause de cette grève, a été aussitôt ‘figé’.

    Cette fois, j’étais devant mon écran. Je savais bien qu’il n’y aurait pas de foule en délire dans mon petit village normand qui, au 1er tour, avait voté pour le sortant en premier et pour l’extrême-droite en second !!! J’ai partagé ce grand moment avec mon épouse, juste nous deux !

   Alors, le sentiment ne pouvait être le même. François n’est pas François. Le premier, celui de 81, je l’avait vu à Lens peu de temps avant les présidentielles de 1975. Mon père m’avait emmené à l’Apollo où Mitterand envisageait déjà le ‘Programme Commun’ et répondait aux questions des travailleurs. Je me souviens avoir entendu un mineur retraité qui, à quelques rangs de nous, apostrophait le futur Président de la République et l’appelant ‘Camarade François’ et en le tutoyant.

   C’est grâce à mon père que j’ai commencé à cette époque à m’intéresser à la politique. Lui avait donné déjà. A plus de 70 ans, usé par une vie de travail qui l’avait vu, après une carrière en 3×8 aux Mines, prendre le bus à 4h00 du matin pour aller travailler cinq ans de plus dans une filature lilloise. Il avait été délégué du personnel : défendre les autres et se défendre n’étaient certainement pas des mots en l’air à l’époque. C’est donc lui qui m’apprit ce que veut dire le mot ‘SOCIALISTE’. C’est certainement l’éducation qu’il m’a donnée qui m’a fait devenir bénévole, à m’occuper des autres, à partager.

    Il devait aussi aimer la phrase de Léon Blum que nous rappelle Catherine, la descendante du grand socialiste que fut Alfred MAES :  » On a cessé d’être Socialiste quand on dit : « Bah c’est dans l’ordre des choses et on y peut rien ! « 

   En juillet 81, j’ai eu la chance de regarder avec lui, la séance d’ouverture de la première Assemblée Nationale de Gauche de la 5ème République. Dans notre coron de la fosse 14 à Lens, il n’en a pas raté une miette : de l’ouverture de la séance par Marcel Dassault à l’élection du Président Louis Mermaz. Mon père ne commentait pas, il regardait et savourait avec ce petit sourire qui s’inscrivait discrètement sur ses lèvres lorsqu’il était heureux.

   Quelques semaines plus tard, il partait sans avoir connu la suite de l’histoire.

   Hier, en regardant toute cette jeunesse en liesse sur Place de la Bastille à Paris, j’ai pensé à lui. Et j’aurai pu citer Daniel Guichard :

 »En voyant tout ça, j’me dis

« Qu’j'aimerai bien qu’il soit près de moi,

« ….. Papa »

François, François et Papa .... dans La famille frfrpa

7 Réponses à “François, François et Papa ….”

  1. Arno dit :

    Merci!

  2. Maurice Dhédin dit :

    C’est bien Camarade.

  3. geneviève dit :

    Ce que tu marques c’est bien ecrit, je crois que nous sommes socialiste aussi par notre père,
    mais malheureusement il est parti trop tôt
    . bisous à vous deux
    geneviève

  4. Christian Daubresse dit :

    Merci Claude, pour ce que j’ai ressenti à la lecture de ton dernier article: une grande émotion à l’évocation de 1981, et surtout au souvenir de ton père: moi aussi, malgré mes 84 ans!!!!!!!!!, je revois mon père, presque chaque jour , et parfois même la nuit: de même pour ma mère: (ils ont travaillé, travaillé, travaillé, pour que leurs trois enfants fassent des études, (afin d’avoir une vie meilleure, disaient-ils)

    En ce qui concerne la victoire de ce 6 mai, il ne faudra pas trop se faire d’illusion: j’ai l’impression, (qui sera sans doute confirmée par l’audit que la cour des comptes va effectuer), qu’il va falloir quelques années d »efforts pour redresser le pays….. j’espère deux choses: que les efforts soient répartis de façon juste, et que les Français acceptent de ne pas avoir tout et tout de suite!!!!

    amitiés sincères

  5. Maryvonne dit :

    Bonsoir la famille !

    Contente de recevoir de tes nouvelles. Comme toi j’ai fêté la victoire de 81 (je m’étais habillée tout en rose pour aller voter !) et hier j’ai été soulagée. Pas transportée comme la première fois car l’ombre du FN plane et nous devrons être vigilant. La France de Pétain est en veilleuse mais elle est là.
    Mais Pfffff ! chu quand même drôlement contente ma foué !

    Bisous mon jeune tonton et à bientôt

  6. Roland, le grand frère dit :

    Bien sûr qu’il aurait aimé…mais il n’aurait pas été exubérant.Ce n’était pas son tempérament:
    il fallait bien le connaître pour déceler sur son visage une joie très profonde.Son « socialisme » était discret,généreux,humaniste et profondément sincère.
    Il avait beaucoup donné:avant son service militaire,employé à la SNCF,il militait déjà syndicalement et était,comme on disait alors , »marqué à l’encre rouge ». Si bien qu’à son retour de l’armée,il n’a pas retrouvé son emploi.
    Son action syndicale l’a conduit à faire une modeste carrière.Je suis persuadé que ça l’a empêché d’accéder à de plus hautes responsabilités.A la scission de la CGT (en 1948?),il a choisi FO et a été comme tous ses copains victime de sévices de la part des communistes.On racontait que des pavés étaient jetés dans les fenêtres des »lâcheurs ». Il se sentait menacé.Si bien que cela ne le poussait pas à la sympathie pour les »cocos ». Alors, quand on voulait le taquiner on affichait des positions « prococos ». Il n’appréciait pas du tout.On était jeunes et..cet âge est sans pitié.
    Il a été délégué syndical permanent pour le personnel de la centrale électrique de Vendin le Vieil,de l’usine à carbure et de l’usine à cuivre de Wingles.Il m’a emmené un jour dans une de ses tournées au cours desquelles il recevait les doléances des ouvriers qu’il consignait dans de longs rapports destinés à la hiérarchie:sa manière à lui de m’ouvrir au »socialisme » , en tous cas,une belle leçon d’humanité.20 ans avant… CLAUDE.
    Bien sûr qu’il aurait aimé ce que l’on vient de vivre mais il ne serait pas tombé dans une trop facile euphorie .
    Il était suffisamment lucide pour prendre conscience que nous ne sommes pas entrés au « paradis du socialisme » et que,comme le dit le camarade CHRISTIAN ,le plus dur reste à faire.
    « Des larmes et du sang » en perspective?On verra!!

  7. Catherine dit :

    Bonjour Claude ! Encore une fois merci, aujourd’hui pour cette magnifique page d’hommage à votre Papa. Beaucoup d’émotion à sa lecture, très poignant pour ma part ! Il n’y a rien de pompeux, bien au contraire à mon sens, vous qui écrivez si bien depuis des années pour les hommes de bonne volonté de tout temps, je suis heureuse que vous nous fassiez un peu partager votre enfance, votre histoire…
    Encore bravo pour tant d’altruisme et d’abnégation.
    Bises à vous 2.

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