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Le cimetière militaire allemand de LENS-SALLAUMINES

Posté par Le Lensois Normand le 11 juin 2012

Préambule : Cet article a été rédigé avec des informations reçues :

  • du dossier GAUHERIA n° 7 ‘Dans la fournaise de Lens 1915-1917, journal du Notaire Léon Tacquet’

  • de la revue GAUHERIA n° 71 de décembre 2009 consacrée au Cimetière Est de Lens (écrit par Christophe Lefèvre)

  • de mon ‘excellent’ traducteur franco-allemand Siegfried

  Très peu connu des lensois, le cimetière militaire allemand de Lens-Sallaumines qui se trouve derrière le Cimetière-Est, Route de Douai contient 15.646 corps de soldats germaniques. Créé en 1915 par les troupes allemandes qui avaient pris leurs quartiers à Lens, il est d’abord appelé  » Cimetière de Lorette » car c’est là qu’a été inhumée la plupart des soldats tombés au cours des combats menés sur les hauteurs de Lorette. Sont venus ensuite s’ajouter les morts au combat de toute la région de Lens.

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   Au début de la première guerre, les Allemands enterrent les corps des militaires tués au combat sur les pentes de Lorette mais devant leur nombre croissant, une fosse commune est ouverte au cimetière de Lens. Le 11 février 1915, il y a là entre 200 et 300 cadavres.

    Dans son journal édité par l’association GAUHERIA sous le titre ‘Dans la Fournaise de Lens’, Léon Tacquet, notaire et gendre du Directeur des Mines Elie Remaux, relate que le 12 avril 1915, un officier allemand le convoque pour lui annoncer que, sur ordre du Commandant du XIVème Corps d’Armée, les autorités occupantes réquisitionnent un terrain de 1,7 hectare lui appartenant aux Marais pour y installer un cimetière militaire. ‘Réquisitionner’ est bien le verbe à employer car, malgré les promesses faites par le Commandant, ce terrain ne sera jamais payé, du moins pendant tout le temps que durera la guerre. Grand éleveur et propriétaire de chevaux, Tacquet posséde également un grand haras (à l’emplacement où se trouve aujourd’hui le Lycée Condorcet) qui est aussi réquisitionné pour y loger les troupes et les chevaux de l’armée allemande.

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  A partir du printemps 1915, les soldats allemands ont donc leur propre cimetière. Il faut dire que le nombre de tués devient de plus en plus important et qu’aussi bien les Français et les Allemands ne veulent en aucun cas la promiscuité des tombes. Des ‘brigades’ allemandes sont spécialement chargées de ramasser les corps après chaque assaut.

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  Le 4 mai, l’officier allemand chargé du cimetière rencontre de nouveau Léon Tacquet et lui annonce qu’il ‘prend’ 16 ares de plus de terrain pour y faire ‘une petite forêt afin d’avoir de l’ombre pour visiter les morts‘.

   Il faut dire que la plupart des cimetières militaires allemands se fondent littéralement avec la nature dans la plus pure tradition de la mythologie germanique héritée des peuples scandinaves. La tombe individuelle est préférée aux ‘fosses communes’. La tradition veut que ces cimetières soient implantés près de bois ou de forêts afin que les arbres protègent les morts. Lorsque la présence d’un arbre interrompt une rangée de croix, on n’abat pas l’arbre. On déplace simplement les croix de quelques mètres. Le cimetière de Lens-Sallaumines n’échappe pas à la règle.

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 Le 13 juin 1915, une statue représentant l’Archange Michel est érigée dans l’allée centrale. Elle porte cette inscription en allemand : ‘Aux héros tombés glorieusement pendant les luttes autour de Lorette – La 28ème division d’infanterie’. Léon Tacquet qui trouve la statue ‘teutonne, lourde et massive’ signale qu’à cette date, il y a déjà 1900 tombes allemandes.

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  Cette statue, dessinée en Allemagne par un professeur de sculpture, a été a été construite à Lens même par des ouvriers d’une marbrerie locale, certainement la Maison Liénard.

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  En octobre, près de 4000 morts sont au cimetière. L.Tacquet rapporte que tous les jours, on en apporte 50 ou 100 de plus. Les cadavres, amenés par chariots entiers, sont déversés dans le champs voisin avant d’être mis dans des cercueils rudimentaires (certains sont fait avec les portes des WC de corons des cités minières) puis enterrés. En novembre, le Chef de Corps d’Armée convoque Emile Basly, le Maire de Lens, Elie Remaux, Léon Tacquet et d’autres notables de la ville pour assister à l’inauguration d’un nouveau monument au cimetière allemand.

  Le 14 mai 1916, c’est le 4ème Régiment de hussards du royaume de Bavière qui ‘remet officiellement un monument à la gloire de ses héros morts au combat aux autorités municipales’. Ainsi, Basly, Remaux, Tacquet et les autres furent ‘promptement invités‘ par le Général en Chef à déposer une gerbe au pied de cette stèle.

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  Le 2ème régiment de Grenadiers de la région de Bade (aujourd’hui Bade-Wurtemberg) aura aussi le sien avec comme épitaphe : ‘A ses héros tombés près d’Ablain et sur Lorette – le 2ème régiment de grenadiers de Bade, «empereur Guillaume 1er».

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   Selon la tradition allemande de l’époque, de nombreux autres monuments seront aussi érigés. Presque toutes les unités combattantes auront le leur comme le IVème Corps d’Armée ou le 42ème Régiment d’Infanterie.

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   A partir de janvier 1917, les Allemands interdisent l’accès aux cimetières de la Route de Douai aux civils français, Les bombardements incessants rendent l’endroit très dangereux. En avril, la ville est évacuée. Mais les combats continuent encore pendant plus d’un an. Le 3 octobre 1918 Lens est libéré mais il ne reste que des ruines. ‘Lens est rasé de fond en comble, pulvérisé : tout est à rebâtir, depuis le plus bel édifice jusqu’à la plus modeste habitation‘ écrira Alfred Buquet dans son ouvrage ‘Lens, son passé, ses houillères’. Le cimetière-est et sa partie militaire allemande n’ont pas échappé à l’anéantissement.

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   1919 est signé le Traité de Versailles entre les Alliés et les dirigeants allemands. L’article 225 de ce traité stipule :  »Les Gouvernements alliés et associés et le Gouvernement allemand feront respecter et entretenir les sépultures des soldats et marins inhumés sur leurs territoires respectifs. ». Les autorités françaises font donc remettre en état le cimetière.

    En 1926, après un accord passé avec les autorités militaires françaises, le «Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge» (Commission allemande des sépultures de guerre qui est une association privée) entreprend la reconstruction et l’entretien du cimetière militaire. Celui ci est entièrement repensé : fini les statues imposantes, le nouveau cimetière sera plus humble, plus discret. Pour marquer les tombes individuelles, le VDK utilise des croix de bois portant une plaque de zinc. Sous l’impulsion de son créateur, le Docteur Siegfried Emmo Eulen, outre l’entretien des sépultures le VDK entend, dans sa mission, travailler dans la coopération internationale et œuvrer pour des objectifs de Paix.

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   A Lens, les croix en bois sont remplacées par d’autres en petit granit belge en 1977 et le cimetière totalement réaménagé. A l’extrémité, un mur composé de pierres de granit suisse forme un fond quasi-uniforme à l’ombre de quelques ifs. Les tombes comportent en général deux noms, quelques unes portent l’étoile juive, très rares sont celles qui sont fleuries.

   J’ai visité ce cimetière il y a quelques semaines; Voici donc quelques images récentes du ‘Deutscher Soldatenfriedhof 1914-1918‘ de Lens-Sallaumines.

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   Une simple barrière en fer forgé sépare les cimetières militaire allemand et civil français. La sobriété a remplacé le sentiment de puissance que représentaient les imposants monuments. Seule, une plaque métallique située à même le sol a l’entrée rappelle qu’ici sont inhumés 15 646 jeunes gens morts pour l’ambition et l’idiotie de certains hommes, donc morts pour rien !

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  Au cimetière militaire allemand de Lens-Sallaumines, est enterré le plus jeune engagé de toute la Grande Guerre. Paul Mauk, qui voulait devenir médecin «pour soulager les hommes et rendre service». Il n’avait que 14 ans lorsque le 6 juin 1915, une balle perdue lui a arraché l’avant-bras et a mis le feu aux munitions qu’il portait sur lui. Il est mort le lendemain, «sans une plainte». Paul Mauk était le sixième d’une famille de huit enfants. L’histoire de la vie et de la mort Paul Mauk a été rapportée dans un article de l’Echo du Pas de Calais en octobre 2008 que l’on peut consulter sur Internet : http://memoire.pas-de-calais.com/images/pdf-nationalites/allemands.pdf .

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Publié dans Histoire, Lens | 2 Commentaires »

 

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