3, rue Lamennais, fosse 14 à Lens

Posté par Le Lensois Normand le 9 août 2013

   Avoir passé sa jeunesse dans une maison des corons des Mines de Lens, ça vous marque à jamais. La maison d’abord, elle ressemble à toutes les autres mais c’était ‘nôtre’ maison même si elle n’a jamais appartenu à mes parents. La rue, c’était ‘nôtre’ rue, notre terrain de jeu. Les voisins, c’étaient ‘nos’ voisins, des gens sur qui on pouvait compter en cas de coup dur. Le jardin, c’était ‘nôtre’ jardin mais c’était surtout celui de mon père. Le coron, c’était ‘nôtre’ coron, là où nous vivions.

3, rue Lamennais, fosse 14 à Lens dans Histoire maison

    Le numéro 3 de la rue Lamennais se situe dans la ‘cité 14′ comme on dit aujourd’hui. Pour nous, nous habitions ‘à la fosse 14′ (et même  » àl’fosse quatorsse  ») tant on associait le numéro de notre chevalet à notre coron.

    Dans la rue, que des employés et ouvriers des Mines. En face, les petites maisons des pensionnés abritaient pour la plupart d’entre-elles des veuves de mineur : la silicose était passée par là.

maison20 bain dans La famille

   Madame Renard qui nous offrait toujours des bonbons et qui avait pris sous sa protection sa voisine, celle qu’on appelait soit ‘la petite polonaise’, soit Madame Adam, du prénom de son mari décédé : son nom de famille slave étant imprononçable pour nous tous. Il y avait aussi celles que l’on craignait un peu : ‘La Jéhovah’ qui a toujours été pour nos yeux d’enfants un peu mystérieuse et ‘la matelassière’ dont le surnom indiquait qu’elle retapait à l’occasion des matelas mais que nous considérions un peu comme une sorcière.

   Un peu plus loin, dans la première maison de la grande barre de corons de la Route de La Bassée, quasiment au pied du chevalet de la fosse 14 habitaient la famille Ramon. En 1940, ils avaient fuit l’ennemi en participant à l’exode avec ma mère et mes frères et sœurs aînés. Catholiques pratiquants, André, le père avait participé à la construction de la chapelle Sainte Thérèse, près de l’école maternelle. Amputé suite à une blessure faite par un cheval, il portait une prothèse métallique en guise de jambe droite qu’il attachait à son épaule avec une large bretelle, ce qui ne l’empêchait aucunement de posséder un superbe jardin. Nos familles étaient très proches, mes parents désignèrent l’un des fils de ‘Monsieur et Madame Ramon’ (nous et nos parents les avons toujours appelés ainsi), Gaston pour être mon parrain.

maisonramon001 charbon dans La Mine

    La vie dans le coron suivait des règles strictes. Les journées étaient toutes différentes et dépendaient d’un emploi du temps devenu rituel au fil des ans. Le lundi, jour de lessive ; le mardi et le vendredi, jours de marché : le jeudi, jour de congé scolaire ; le samedi, jour de nettoyage et des bains ; et le dimanche, hé bien : c’était le dimanche !

    S’il y en avait un pour qui ce calendrier avait moins d’importance, c’était mon père. Sa vie, c’était : boulot, jardin, dodo ! Son seul repos, l’après midi dominical.

maison3 chevalet dans Lens

    Le jardin a tenu une importance primordiale dans nos années d’enfance. Immense pour nos yeux de gosses. Dans un descriptif des activités sociales des Mines de Lens du début du vingtième siècle, il est écrit que les jardins pouvaient atteindre six cents mètres carrés. Ce devait être le cas du ‘nôtre’.

   La couleur du jardin était rythmée par les saisons : noir comme la terre ou blanc de neige l’hiver, vert comme la végétation renaissante au printemps, magnifiquement coloré comme les fleurs de l’été, brun comme les feuilles fanées de l’automne.

    Le jardin était coupé en deux par une allée recouverte des cendres de la cuisinière à charbon de la cuisine. Elle était bordée de briquettes rouges et de magnifiques plates-bandes d’œillets blancs. De part et d’autre, les légumes abondants : carottes, pommes de terre, poireaux, salades, navets, haricots, petits pois, etc…. De quoi nourrir la famille toute l’année. Et cette terre, bêchée, retournée, ensemencée, binée, désherbée, récoltée par un seul homme : mon père.

    Le but de la Compagnie des Mines en annexant un grand jardin à chaque habitation était à la fois d’offrir aux mineurs la possibilité de faire des économies sur l’alimentation et de les occuper afin qu’il n’aillent pas traîner dans les cafés et y discuter politique avec les syndicalistes dont beaucoup étaient à l’époque propriétaires d’un estaminet. Plus tard, les HBNPC continuèrent la même politique.

    Ce n’est certainement à cela que pensait mon père lorsqu’il se trouvait à quatre pattes dans le parc de carottes pour les ‘démarier’.

maison2 corons dans Les Hommes

   Afin d’inciter les mineurs à y consacrer un maximum de temps, des concours récompensaient les plus beaux jardins. Quel joie et quelle fierté pour ces hommes de labeur de voir leur nom et parfois leur photo figurer dans le mensuel patronal ‘Notre Mine’ dans la rubrique des jardins primés.

    Pour mon père, ‘son jardin’, il le cultivait seul. Rarement il faisait appel à nous pour l’aider. Les seules fois où cela se produisait, c’était lors de l’arrachage des pommes de terre. Notre rôle était de mettre la récolte dans des seaux qu’il descendait ensuite à la cave et de rassembler les fanes afin d’en faire un feu de joie en fin de journée. Feu dans lequel nous avions le droit de jeter les quelques petites pommes de terre que nous avions glanées et de les manger sur-place, chaudes et croustillantes.

    Le fond du jardin était l’un de nos terrains de jeu. Groseilliers, framboisiers, cassissier … non seulement nous apportaient de quoi nous régaler l’été mais étaient aussi un superbe lieu de cachette lors de nos parties de ‘gendarmes et voleurs’.

   On pouvait bien sur jouer dans le jardin mais les règles étaient strictes : interdiction totale de poser le pied en dehors de l’allée centrale sous peine d’entendre un  »Sors de là tout de suite ! » hurlé par mon père.

   Dans le fond du jardin, derrière les arbres fruitiers et l’énorme pied de rhubarbe se trouvait un mur, LE mur ! Celui qui nous séparait de la maison de l’ingénieur. Derrière ce mur, ce n’était qu’énigmes et mystères: interdiction de monter sur le mur pour voir ce qu’il cachait. Interdiction aussi de cueillir les poires des branches qui pourtant s’inclinaient de ‘notre’ côté. On ne pouvait ramasser que celles qui tombaient, trop mures souvent. La propriété de l’ingénieur était un lieu sacré. Tenter d’y regarder ou d’y prendre des fruits était un crime de lèse-majesté et nous attirait directement une belle engueulade de la part de notre père. Était-ce par crainte ou par respect de sa part envers celui qui est censé régner sur le coron ? Il devait y avoir certainement un peu des deux.

   Petit, c’est assis sur le porte-bagages de la mobylette de mon père que je me faisais photographier avec en toile de fond, le fameux ‘mur de l’ingénieur’.

maison4 fosse

    On avait par contre droit de jouer dans la volière puisque aucune poule n’y vivait. Aucun pigeon n’occupait non plus le pigeonnier. Contrairement à beaucoup d’autres mineurs, mon père n’était pas un ‘coulonneux’.

   La volière n’était en fait qu’un simple abri rudimentaire fait de bric et de broc (tôles, grillages, films de plastique, tasseaux de bois…) monté derrière entre la maison et le jardin. C’était pourtant pour nous un confortable espace de jeux.

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   La volière ne contenait que des … lapins. Ils y naissaient nombreux dans leur clapier et leur espérance de vie ne dépendait que du choix du menu dominical quelques mois plus tard.

   Les rapports que nous avions avec ces animaux se limitaient aux grandes promenades estivales qui occupaient nos après-midis lorsque notre père décidait de nous emmener chercher de ‘l’herbe aux lapins’. Avec mes sœurs, nous prenions la direction de la route de La Bassée que l’on traversait pour se rendre le long du Chemin Manot qui menait à Vendin. Et là, on se promenait, on jouait dans les champs, on ramassait des fleurs, on regardait le ‘coucou’, un petit avion qui décollait ou atterrissait sur l’aérodrome tout proche, on flânait jusqu’au moment où notre père nous annonçait que son vieux sac de jute était plein de cette nourriture qui allait alimenter nos amis à quatre pattes pendant quelques jours.

   La volière nous servait donc aussi de refuge pour nos parties de cache-cache. Un réduit dans lequel mon père stockait sa paille devenait une excellente cachette …. que tous connaissions. On jouait aussi à l’école comme tous les enfants. La plaque de tôle bitumée qui servait de paroi à la volière faisait un superbe tableau noir sur lequel on écrivait avec de la craie trouvée dans le jardin.

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    Face à la volière, un petit coin du jardin limité par une haie de troènes parfaitement taillés était consacré aux fleurs. Tulipes, jonquilles, œillets, roses, fuchsias, pensées, dahlias et même des fleurs de pavot agrémentaient ce coin de paradis géré par ma mère. Des parterres découpés en triangles ou en carré, séparés d’une petite allée de cendres et bordés des mêmes briques rouges alternaient les couleurs au fils des saisons.

   Mais les fleurs ne devaient en aucun cas déborder de leur emprise. Un jour que ma mère s’était procuré plus de bulbes de dahlias qu’il n’en fallait, elle voulu les planter de l’autre côté de la petite allée qui séparait les fleurs du potager. Quelle ne fut pas la colère de mon père. Ultime outrage : des fleurs là où devaient se trouver des légumes ! Je l’entends encore hurler :  » Mais ça, ça ne se mange pas. C’est pas avec ça que tu vas nourrir tes gosses ! ».

   Ma mère devait certainement parfois se détendre un peu de ses journées chargées dans cet éden fleuri où mes jeunes sœurs posaient avec leurs ‘robes du dimanche’.

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   Ce parterre de fleurs s’étendait jusqu’au bord de la rue, contournant le ‘trou d’eau’ (sorte de puits récoltant les eaux de pluies et celles que l’on y jetait après les lessives des lundis et les bains des samedis).

   Il faisait face à la buanderie. Mon père avait percé une fenêtre dans ce local mal éclairé qui servait à la fois de salle de bains et de laverie. Munis d’un seul robinet d’eau froide, il fallait en faire chauffer pour les bains et la lessive. Pour cela, un vieux poêle à charbon qui devenait aussi rouge que l’enfer lorsque la grande lessiveuse en tôle galvanisée lui demandait de faire bouillir son contenu. Une chaleur d’enfer, c’était bien le mot. Il devait faire largement plus de quarante degrés lorsque nous nous glissions dans ces baignoires de fer blanc. Après le bain, traverser la cour pour rentrer dans la cuisine était un calvaire en hiver. Ruisselant de sueur, encore humide de vapeurs, nous devions affronter les rigueurs du climat avant de nous réfugier à l’abri. Mais comme l’a si bien chanté Pierre Bachelet :  »C’était mon enfance et elle était heureuse, dans la buée des lessiveuses ».

   Heureusement, pour nous, les plus petits, l’hiver, le bain, on le prenait dans la cuisine où mes parents installaient la ‘petite baignoire’.

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   Le samedi était donc le jour des bains. Toute la famille y passait à tour de rôle. Père, mère, frères, sœurs et même notre grand-mère Blandine lorsqu’elle séjournait chez nous. La lessiveuse d’eau bouillante sur le poêle alimentait à l’aide d’un seau la baignoire posée à proximité. Après chaque bain, mon père ou ma mère vidaient une partie de l’eau qui avait servi dans le ‘trou d’eau’ et complétaient la baignoire avec de l’eau chaude et propre. Et cela, jusqu’au dernier bain de la journée.

  Le samedi, il fallait aussi faire son ‘samedi’. Si l’après midi était consacrée aux bains, le matin voyait les femmes et les filles agiter balais, wassingues (serpillère) et seaux pour astiquer les pièces de la maison et les alentours. A l’intérieur, la cuisine concentrait le plus de soins et d’énergie. C’était notre pièce de vie, donc la plus utilisée et celle qui se salissait le plus des poussières de charbon qui régnaient dans l’atmosphère.

   Puis, ma mère et mes sœurs entamaient le nettoyage extérieur : le trottoir donnant sur la rue, ses caniveaux et les cours étaient inondés à grands coups de seaux d’eau. Les balais-brosse s’activaient dans tout le coron dans une harmonie quasi-parfaite. Cette coutume était issue des obligations du règlement de la vie dans les corons édité par les Compagnies au début du vingtième siècle. Elles obligeait les mineurs à entretenir le pourtour de leur maison et de nettoyer régulièrement trottoirs et caniveaux. Tout manquement à ces devoirs attirait les foudres et les remontrances, et parfois même les amendes du garde des mines, représentant l’autorité dans les corons.

   Le bain, c’était donc une fois par semaine le samedi. Certainement pour être bien propre le lendemain pour enfiler nos ‘habits du dimanche’. Les autres jours de la semaine, on se lavait au seul robinet d’eau froide qui se trouvait dans la cuisine au dessus d’un évier utilisé également pour la vaisselle.

   Cette vaisselle qui était à la charge des filles le dimanche. Une obligation si elles voulaient aller ensuite au cinéma !

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    Mais avant d’avoir l’âge de sortir seuls, nos dimanches étaient occupés par des réunions familiales. Contrairement à ce que chantait Daniel Guichard, ils n’étaient pas monotones et on recevait souvent de la famille.

    Les parties des cartes sur la table de la salle à manger duraient une bonne partie de l’après midi. Dès que j’en eu l’âge, mon père m’appris les règles de la manille et surtout de la belote. Ainsi, je faisais partie du groupe des hommes qui alignaient tierces, belote-rebelote et dix de der en jetant à grands coups les cartes sur le tapis. Pendant ce temps, les femmes et les filles participaient à de longues parties de Nain Jaune dans une pièce de plus en plus enfumée au fur à mesure que les Gitanes ou les Gauloises se consumaient.

   Autre plaisir dominical que mon père me faisait partager : les rencontres de football au Stade Bollaert toutes les deux semaines. Dès 14h00, il m’installait sur le porte-bagages de sa vielle mobylette et nous prenions la direction la cité des Fleurs où il confiait son engin le temps du match à une pensionnée pour quelques piécettes. Les souvenirs de ces nombreuses heures passées à regarder et à aimer les ‘Sang et Or’ reste inoubliables..

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   Jusqu’au jour de notre communion, le dimanche matin était occupé par la messe. Notre mère nous réveillait et lorsque nous descendions de nos chambres, elle nous attendait dans la grande cuisine. Elle avait préparé trois chaises, une pour chacun, sur lesquelles étaient posés nos ‘habits du dimanche’. Pendant que nous nous habillions, elle faisait chauffer le lait sur la cuisinière puis nous le versait sur le chocolat en poudre dans de grands bols. Notre ‘Banania’ était accompagné de belles tartines beurrées et de confiture ‘faite maison’.

    Puis départ vers ‘l’église du douze’ que jamais nous avons appelé église Saint Edouard. On allait à l’église du douze comme on allait à l’école du douze, au dispensaire du douze ou à la coopérative du douze. Le douze, c’était la cité minière la plus proche de la notre mais c’était ailleurs, pas chez nous. Nous, on était ‘de la fosse quatorze’.

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    A l’église, les règles étaient sévères. On ne rigolait pas avec Monsieur le Curé. Les enfants se plaçaient à l’avant pour la messe, les filles à droite de l’autel, les garçons à gauche. Il ne fallait surtout pas oublier de faire poinçonner sa carte de présence à l’entrée. Toute absence de tampon devait être justifiée même si on était en vacances. Ceci nous obligeait à assister aux messes parfois à contrecœur pendant nos colonies ou nos séjours familiaux en Normandie.

   Après la messe, passage ‘obligé’ au café-tabac de la rue Auguste Lefebvre où nous dépensions nos rares économies (et les centimes que nous avions parfois réussi à ne pas mettre à la quête) en bonbons. Plus tard, j’y achetais mes premières ‘P4′ : des cigarettes en paquet de quatre faites de tabac de piètre qualité mais qui ne nous coûtaient pas très cher.

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    L’itinéraire pour aller ‘au douze’ demandait presque une demi-heure pour nos petites jambes. Nous le connaissions par cœur : quatre fois par jour, cinq jours par semaine, nous l’empruntions pour aller à l’école dès huit heures, été comme hiver, la ‘carnasse’ (le cartable) sur le dos vouté. A cette époque, il y avait classe tous les jours sauf les jeudis et dimanches. Seul avantage du samedi, on n’avait pas ‘d’étude’, ce qui nous permettait de rentrer à la maison à 16h30 au lieu de 17h30. L’étude, c’était une heure de présence de plus le soir afin de faire nos devoirs avec l’instituteur.

    A l’école, c’était comme à l’église : les filles d’un côté, les garçons de l’autre de la rue Saint Edouard. On y allait dès l’âge de six ans dans la classe du primaire. Déjà, à cette époque, les plus chanceux la quittait après le CM2 pour aller au collège en ville ; les autres y restaient jusqu’à leur quatorze ans et le passage du Certificat d’Etudes.

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   Mais en attendant l’âge d’être en primaire, on allait à l’école maternelle qui elle se situait ‘au quatorze’, sur la Route de La Bassée, près de la chapelle. Dès trois ans, le premier lundi de septembre, nos parents nous lâchaient dans ce qui était pour nous un nouveau monde. Par rapport aux autres enfants, nous avions un petit avantage : notre grande sœur Fernande y travaillait comme assistante aux institutrices. C’est dans cette école que nous avons appris en plus de l’éducation traditionnelle comment vivre en société, comment respecter les règles de la vie de groupe.

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   Le jeudi, il n’y avait pas d’école. Nous passions nos journées dehors, hiver comme été. Fabrication de tente avec des sacs de jute l’été ou de bonhomme de neige l’hiver. Grandes parties de ‘Gendarmes et voleurs’ avec les autres enfants du coron ou de billes avec mon copain Pascal qui habitait la maison à côté de la nôtre.

   Parfois, la cour devenait le stade Bollaert et on y assistait à de grands matches de football à …. un contre un. Quelques morceaux d’adhésifs sur le pull-over pour le transformer en maillot de champion et le vieux ballon de cuir usé recevait de grands coups de pied pour aller cogner le mur de la maison devenu but de football à grands cris de  »But pour Lens ! ».

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   Lorsqu’il faisait trop mauvais, c’est à l’intérieur sur une petite table dans la cuisine que je passai des heures avec mes bâtons de pâte à modeler à créer un autre monde miniature.

   Cette pièce que l’on appelait la cuisine, la plus grande de la maison était notre espace de vie. Comme partout dans les corons, c’était la pièce principale. Elle était à l’arrière de la maison et donnait sur la cour. On y vivait, on y mangeait, on y jouait, on s’y lavait, on y écoutait la radio puis plus tard y regardait la télévision, on y recevait, on y faisait nos devoirs …. La cuisine était meublée simplement : la grande table au milieu entourée des chaises de paille, un buffet en bois (remplacé à la fin des années 60 par un autre en formica) garni de nombreuses photographies familiales, un petit meuble pour le gaz, un autre sous l’évier et la petite table sous la fenêtre qui me servait de terrain de jeu. Au sol, un carrelage noir et blanc usé, aux murs la tapisserie à fleurs qu’un oncle venait de temps en temps d’Arras pour en changer.

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    La seule photo que je possède encore de cette cuisine nous replonge dans l’ambiance : la grande table, le buffet avec les photos, la petite armoire à pharmacie, les fleurs de la tapisserie, la cuisinière avec sa cheminée et ses pots de fer blanc ….

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   La cuisinière à charbon : élément incontournable d’une maison des mines. Celle qui transformait souvent la pièce en sauna. Celle qui nous obligeait à descendre à la cave plusieurs fois par jour pour l’alimenter en charbon. Celle sur qui on trouvait toujours la cafetière et la bouilloire. Celle qui obligeait nos parents à se lever tôt pour vider les cendres avant de la rallumer afin que nous ayons chaud en nous levant.

   Car il fallait nous réchauffer au petit matin, surtout l’hiver. Nos chambres se trouvaient à l’étage, sans chauffage bien sur ! Si pendant les autres saisons nous les trouvions confortables bien qu’un peu étroites (trois chambres pour six enfants), la période hivernale, on y traînait pas ! Bien souvent, le froid et le givre laissaient sur les vitres de jolies décorations de glace : pas besoin de thermomètre pour savoir qu’il ne devait pas faire beaucoup plus que zéro degré les nuits de grand froid. Mais c’était comme ça ! Le soir, on se glissait avec appréhension dans nos draps gelés, on faisait ‘du vélo’ avec nos jambes pour se réchauffer et réchauffer les draps puis on s’endormait …..

   Inimaginable pour les enfants d’aujourd’hui : j’ai franchi les douze premières années de ma vie sans télévision à la maison et je n’en suis pas mort. Ce qui se passait dans le monde, on ne l’apprenait qu’à la radio. Mon père écoutait Radio Luxembourg l’oreille collée contre le haut-parleur et buvait les paroles de Geneviève Tabouis. Les premiers épisodes de Zorro, les émissions pour les jeunes de Jean Nohain, les premières diffusions de matches de football du Stade de Reims, on allait les suivre chez les voisins un peu plus riches que nous et qui avaient investi dans un poste de ‘télédiffusion’.

   C’est au début des années 60 que survint un événement inimaginable. A la suite d’une tombola organisée à la centrale électrique de Vendin où travaillait mon père, mes parents emportèrent le premier prix : un poste de télévision !!! C’était une révolution dans notre vie. Les soirées se déroulèrent autrement dès que l’employé de la maison Dumortier installa et brancha cet appareil ultra-moderne. Sans cet événement, je pense que nous aurions encore attendu quelques années de plus pour avoir une télévision à la maison.

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    ‘Le poste’ trouva aussitôt sa place dans la salle à manger, près de la commode. Pour regarder l’unique chaîne de la télé, chacun s’asseyait sur une chaise autour de la grande table. Mais le soir, hors de question de rester et de manger dans la salle, elle n’était réservée que pour les dimanches. Alors, on roulait la table du téléviseur jusque dans la cuisine où il prenait la place de la radio dans un coin de la pièce. Puis, il fallait attendre que les lampes chauffent avant de voir l’écran s’éclairer et diffuser des images en noir et blanc venues d’ailleurs.

    Après le souper, nous devions tous regarder le ‘journal télévisé’ dans un silence absolu. Le moindre bruit était ponctué d’une réplique immédiate de mon père :  »Écoutez ! ». Car, à cette époque, on ne regardait pas la télé, on l’écoutait ! Certainement des restes de l’utilisation des vieux postes de radio.

   Exceptionnellement, le mercredi soir, nous avions le droit de rester après le journal télévisé. Ce soir là, on regardait ‘La Piste aux Etoiles’, un spectacle de cirque présenté par Roger Lanzac et dans lequel le clown Zavatta trouva la célébrité. Une autre émission que mes parents ne rataient jamais, le Magasine du Mineur avec le célèbre acteur patoisant Simons.

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   Les corons n’étaient certainement pas adaptés aux ‘nouvelles technologies’. Le réseau électrique de 110 volts devenait trop faible pour la consommation des familles. Il arrivait souvent que la baisse d’intensité entraîne l’extinction de la télévision. Alors, ‘Dumortier’ installa sous le poste un survolteur. Dès que l’on constatait une baisse de l’éclairage, on allait vite actionner le survolteur afin que notre téléviseur ne nous lâche pas ! Mais parfois, ce n’était pas suffisant. Alors nos parents éteignaient tout, débranchaient la télé et l’antenne et tout le monde allait se coucher.

   Le jeudi après-midi, en dehors des vacances scolaires, on ‘avait cathé’. Il fallait donc reprendre la route de l’église du douze où, dans une petite salle située derrière le préau de l’école des garçons, on voulait nous faire croire que tous les malheurs du monde étaient dus à un couple de naturistes qui n’avait pu s’empêcher de croquer dans une pomme offerte par un diable de serpent !

   Mais, ce qui était bien dans le cathé, c’était avant ou après : d’interminables matches de football sur le terrain aménagé qui se trouvait derrière l’église du douze. Tout le monde jouait, y compris le curé qui faisait aussi office d’arbitre tant il était craint et respecté. Deux sacs posés à terre de part et d’autre du terrain délimitaient les buts. Pas de règles précises, pas de ‘hors jeu’. Un seul objectif pour tous : frapper fort dans le ballon en direction du but adverse. Des matches qui se jouaient parfois à vingt contre vingt ! A cette époque, les clubs de football n’étaient pas structurés pour s’occuper des jeunes et le ‘cathé’ avait la charge de les remplacer. Peu importait pour nous le manque d’installations et d’éducateurs, ces rencontres suffisaient à ce qu’on se prenne un moment pour Kopa, Fontaine, les rémois ou Wisniewski et Oudjani, les vedettes lensoises de l’époque.

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   Nous ne devions certainement pas toujours être très propres lorsque nous rentrions à la maison. Nos vêtements étaient jetés directement dans un grand panier d’osier de la buanderie et attendaient le lundi suivant pour être lavés. Car la lessive, dans les corons, c’était le lundi. Tôt le matin, mon père allumait le ‘feu’ de la buanderie, posait dessus la grande lessiveuse pour faire bouillir l’eau dans laquelle trempait tout le linge de la semaine et où ma mère jetait des morceaux de savon noir. Plus tard, elle utilisait un savon de marque Sunlight que tout le monde appelait ‘sin liche’.

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   Toute la journée, sur le fil à linge qui longeait l’allée du jardin comme dans les autres habitations du coron, on voyait accrochés les draps, les vêtements, les serviettes et toutes les autres lessives de la journée.

   Ça ressemblait à un jour de fête dans le coron avec ces nombreux drapeaux et oriflammes accrochés au pied du chevalet.

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   Lorsqu’elle repassait à même la table de cuisine protégée d’une vieille couverture, ma mère utilisait ces vieux fers en fonte que l’on trouve encore aujourd’hui dans les brocantes. Ils étaient plusieurs à chauffer dans le four de la cuisinière avant qu’elle ne les saisisse un à un à l’aide d’un torchon.

   Les mardis ou les vendredis, il arrivait que l’on aille ‘à Lens’ car c’était des jours de marché. On ne disait pas ‘Descendre en ville’ mais ‘Aller à Lens’ comme si Lens, ce n’était pas chez nous. Cela était peut être du à d’ancestrales rivalités entre les corons et le centre-ville, entre les notables et les mineurs, entre les élus et les patrons des mines.

   On descendait souvent à pied par la Route de La Bassée et la rue du Pôle Nord : quatre ou cinq kilomètres ne nous faisaient pas peur ! Nous avions l’habitude de marcher : nous n’avions pas de voiture à la maison. Les seuls véhicules étaient le vélo de ma mère et la vieille mobylette Peugeot de mon père (qui me semblait être plus souvent en panne qu’en état de rouler, ce qui engendrait de grandes colères paternelles accompagnées d’une suite d’exclamations furibondes dans lesquels il ne disait pas que du bien de l’Être Suprême!).

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   Sur le marché, après avoir arpenté toutes les allées de la place du Cantin (que jamais je n’arriverai à appeler place Roger Salengro) et de la rue de Lille, on remontait quelques heures plus tard, parfois toujours à pied, parfois en empruntant les vieux cars jaunes bondés des Transports en Commun Lensois qui nous laissaient au café Carpentier, près de la maison de l’ingénieur.

   Ma mère ramenait toujours quelque chose dans son panier du marché, alimentation, accessoires, textiles …. En cette période d’avant les hypermarchés et d’avant les caddies, certaines marchandises ne pouvaient être trouvées qu’au marché. Pour les courses de la semaine, il y avait les commerces de la Route de La Bassée ou la coopérative des mines, rue Fénélon. Sans oublier les marchands ambulants pour le pain, les produits frais (‘le marchand de beurre’) ou la boisson (‘le marchand de bière’) dont le passage du camion dans notre rue était toujours un petit événement et une occasion de se retrouver pour les femmes du coron.

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  Il y a certainement encore beaucoup de choses à dire sur la vie dans les corons de notre jeunesse. Tant de souvenirs reviennent au fur et à mesure de l’écriture. Le 3 de la rue Lamennais, c’est là où je suis né, c’est là où j’ai vécu les vingt premières années de ma vie, c’est là où mon père est décédé. D’autres pages de la vie ont été tournées depuis mais celle-ci fut la première, celle de l’enfance, celle de l’insouciance, celle que l’on n’oublie jamais.

   C’était au 3 rue Lamennais, fosse 14 à Lens …………………………………..

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26 Réponses à “3, rue Lamennais, fosse 14 à Lens”

  1. DHEDIN Maurice dit :

    Bravo camarade, ce que tu racontes si bien c’est la vie de milliers de gosses des corons. On était heureux. Tu ne parles pas des tonnes de frites et des sacs de pommes-de-terre qu’on faisait « rentrer » ni des lessiveuses de pâte pour les crêpes. On attendait son tour pour en manger à la chandeleur (on était 6 hommes à la maison et pas de filles).
    Ma mère, quand elle allait faire une lessive disait qu’elle allait faire une buée.
    Quand on rentrait d’avoir couru sur la place à jouer au football et qu’on était rouge, ma mère disait « t’es rouge comme une pione » (pivoine certainement).
    C’était le bon temps et on ne le savait pas.

  2. Christian Daubresse dit :

    Mon cher CLAUDE

    Tu n’as pas pitié du vieux cœur de ton « vieux prof retraité »!!!!! j’ai lu ton dernier « blog », et j’ai éprouvé une émotion très vive: ‘gare à l’infarctus!!

    Ce que tu as si bien écrit et décrit , c’est MA JEUNESSE,c’est mon père et ma mère, que j’ai tant aimés, c’est le jardin et les carottes que j’ai « démariées », c’est la même lessiveuse, le même  » sunlich », etc etc la seule différence, c’est que pour moi, c’était à l’fosse 4… Il m’arrive d’éprouver, au souvenir de ma jeunesse, des REMORDS: alors que j’usais mes fonds de culottes à l’ECOLE PRIMAIRE SUPERIEURE, mon père et ma mère s’usaient au travail : ménages pour ma mère, mon père, lui, électricien, après sa journée aux mines(pas encore H B N P C) était opérateur dans un vieux cinéma de quartier(al foss’11)!!! 3 gosses (pendant la guerre), collégiens: sans aucune aide: il fallait payer les livres, les cahiers,(avec des tickets)RATIONNEMENT OBLIGE!!!! et nourrir les affamés!!!

    Cependant permets moi d’ajouter à ta description la COLERE que j’ai souvent éprouvée quand des « présentateurs de TV  » décrivaient nos corons avec MEPRIS, car jamais personne n’a eu la plus petite intention d’ajouter, si ces maisons que toi et moi avons connues,(et bien d’autres), étaient uniformes et parfois un peu tristes, que beaucoup de gosses y ont trouvé le vrai bonheur, pas celui des riches, mais celui des travailleurs HONNËTES ET BONS.

  3. tredez martine dit :

    Claude ,merci émotion trés vive aussi pour moi, c’était la fosse 9 ,rue des Jasmins, le jardin était comme le tien! en bordure mon pére avait mis d’un coté des fraises (jamais je n’ai retrouvé ce gout de fraises d’aurefois!!) et l’autre coté des oeillets de bordure ils étaient mauve et trés parfumés je n’en ai jamais retrouvé de pareille!nous, l’hiver la maison était froide nous allions dormir avec le fer à repasser enveloppé dans un linge . Mais c’était le bonheur!! Dans la cité des fleurs maintenant ,il y a des nouvelles maisons ,mais plus un enfant dans les rues!!!

  4. Arno dit :

    Super bel article!
    Je vais le faire lire aux enfants, surtout à Pierre qui adore ce genre d’histoire. On parlait de pépé d’ailleurs il y a qqs jours, et de la facon dont il est décédé. Pierre est toujours tres intrigué par la mort, alors il voulait tout savoir sur comment les gens de la famille sont morts.
    Et au passage, au Québec aussi on « écoute la télé »! :-)

    Bisous,
    Arnaud

  5. Hervé D. dit :

    Quel morceau !
    Sans doute un de tes meilleurs, ou même LE meilleur, émouvant
    Mais un truc à vérifier : à l’église, les garçons à gauche ? Je croyais me souvenir : à droite
    Une erreur pareille ça peut te conduire en enfer, mon pauvre Claude

  6. Thierry dit :

    Bravo Claude pour ton nouvel article! Il m’a rappelé mes vacances d’été et pleins de souvenirs!

    Dernière publication sur Le lensois normand : C'est fini (pour le tome 1)

  7. Bernard Bourdon dit :

    Je l’ai lu c’est la même vie que la mienne au milieu des mines avec les cabanes a lapins et la volière le jardin a faire et le garde qui vérifiait la propreté même celle du caniveau l’église obligatoire le dimanche ou les ingénieurs étaient en premières rangées

  8. Christian Vallez dit :

    Et ouais mes gins les gamins de corons , y a rin de tel pour faire face à la vie actuelle les Amis(es) – un pourra dire que l’on quand même eut une bonne vie de société tous insenne -

  9. Maurice Devos dit :

    Ouais j’arconnos bin chés masons du quatorsse , in parpaing sans placache pas d’seur , j’ai m’bielle soeur qui est née din un coron comme cha , mais ch’sais pu si chétot din l’rue la , ta pi tête connu Claute ,ses parints chétot tous les deux des grands militants , et si mes souvenirs sont bons , y ont été déportés in allemane
    in tout cas ta un sacré souf pour raconter cha d’in seul traite

  10. France dit :

    ce texte est tres interessant ,émouvant;j’y ai retrouvé pleins de souvenirs meme si ,bien entendu,je n’ai pas eu la meme enfance.vraiment tres beau.

  11. Muriel dit :

    J ai lu et moi aussi je me revoies au 9 de Lens cette vie me manque la simplicité la camaraderie de nos pères l entraide !!! La gentillesse des gens des corons de cette époque c était dur la vie mais on étaient heureux. l été j allais en colo à grossouvre et aux excursion de la ville tout cela est bien loin moi aussi je vies en Auvergne

  12. Jeanne Pascale dit :

    Quel bonheur de lire cette note, quel bonheur et aussi quelle nostalgie !
    Autre quartier, autre compositions familiale, autre sexe aussi mais cela ne m’empêchait pas de passer des heures à Bollaert à soutenir Oudjani et les autres Sang et Or
    J’ai tout connu, les légumes et fleurs du jardin, les bordures et les allées, la volière servant de clapier à lapins… ; la cuisine, pièce principale de l’habitation avec sa cuisinière à charbon, et parfois une arrière-cuisine aussi : la radio qui grésillait, puis la télé (merci à la maison Dumortier) ; l’école des filles et l’école des garçons près de l’église…
    Tous les noms me sont familiers, j’ai tout vécu, la lessive du lundi, le bain dans le baquet… les trajets à pied pour aller à l’école (mais une seule année à l’entrée en 6° à Condorcet) ; je ne peux renier aucun mot de cette note, je les emmagasine dans ma tête, je les remâche avec bonheur ; j’aurais pu les écrire si j’avais eu votre talent.
    Je suis émue aux larmes ! Et tellement reconnaissante d’avoir rédigé « mes » souvenirs !
    Si vous le permettez, je vais copier cette note et m’en faire un document – pour moi seule évidemment, n’ayez crainte – que je pourrai relire à loisir.
    J’ai vécu mes vingt premières années à Lens pour ensuite m’installer en Provence, une bien belle région, mais je reste attachée à « ma » ville comme une moule à son rocher. J’y suis retournée il y a près de trois ans, sans doute pour la dernière fois. J’aurais pourtant aimé visiter le Louvre, à quelques pas de la fosse 9, lieu de mon dernier séjour lensois

    Merci, encore merci, mille fois merci

    Jeanne-Pascale

  13. Michel Pierru dit :

    Je viens de recevoir « Les corons des mines de Lens » et je tiens à te remercier encore une fois
    pour ton travail qui continue à me (NOUS) faire rêver.
    C’est vrai que les 20 premières années dans un coron, ça marque une vie, ce sont exactement mes
    20 premières années, et qu’est-ce que je peux les regretter.
    De nos jours, ils me font marrer avec « Les jeunes des cités ». Une cité respectable est une cité dont
    on ne parle jamais ….
    Nous, nous vivions dans des CORONS et fiers d’y vivre, la seule différence c’est que ceux qui habitaient
    ces corons ne formaient qu’une seule famille, et nous respections nos parents et aussi les voisins ..Nous nous
    aidions les uns les autres.
    Enfin, cela fait partie du passé.

    Je tenais à te remercier encore une fois !!

  14. devos dit :

    rin a ajouter , mais ch’comprinds miux pourquo t’arrif a faire des tartines parels , si vrais si justes , avec un prof comme ta eu té peux qu’faire des bieaux spitchs
    si jamais cha t’interesse j’ai des viels photos d’beloteux al mason ,

  15. Ponthieux Sylvain dit :

    Bonsoir, félicitation la description de la vie dans les corons des mines de Lens était bien comme ça, j’habite encore dans la cite 11 enfin (cite des Provinces) même si je suis plus jeune (1968) la vie se déroulais comme cela. Les habitants avaient le temps de vivre pas comme maintenant, certes ont avaient pas la TNT, ou encore le Téléphone portable, mais on se marraient bien avec les copains, et la délinquance on ne connaissaient pas. Encore félicitation pour le site. Ponthieux Sylvain

  16. Amélia dit :

    L’article m’a fait revivre les très bons moments que je passais chez mes grand parents.
    J’ai connu tout ce que vous décrivez, les lessives, le bain, le chauffage au charbon,
    le marchand de beurre, les marchés, le jardin, les fleurs..
    Je vous remercie pour me donner la possibilité de garder ce contact avec ma ville natale, aujourd’hui si loin de chez moi.

    Amélia

  17. demaziere dit :

    c’est un trés bel héritage que nous à légué « le pays de l’fosse….tous logés à la même enseigne », et à quelques kilomètres d’Lens et ses corons les mêmes pratiques et l’état d’esprit se déroulaient de cette façon. Merci encore pour ces témoignages bien vécus
    Amitié de Bully

  18. dryburgh claude dit :

    merci de m’envoyer ton blog a mon adresse.pour que je regarde plus tard car la je suis cloue au lit ciatalgic aigu.merci d’avance .

  19. Mélanie MARTINI dit :

    Bonjour!

    On est fans de votre blog: de beaux textes, des photos incroyables, et tant d’humanité! Je voudrais vous demander si vous accepteriez de participer à notre guide du territoire de Lens-Liévin par ses habitants, le guide « ces lieux qui nous racontent » (plus d’infos sur notre page facebook ceslieuxquinousracontent)?

    Il s’agit de partager des histoires, toujours personnelles, sur des lieux de la CALL qui vous ont marqué. Ces histoires seront illustrées de photos du lieu aujourd’hui: l’occasion de mesurer combien les lieux changent aussi… et publiées à l’automne prochain dans le guide. Ce projet est un projet artistique que je pilote, sur une idée de Brigitte Orasinski, une artiste qui a fait un guide sur le même principe dans la ville de Folkestone. Je suis à votre disposition pour en parler.
    Avec mes salutations distinguées
    Mélanie Martini
    Mission départementale Louvre-Lens Tourisme

  20. RUSCHE Annie dit :

    quelle émotion de lire votre blog, j’habitais la cité st paul à carvin mon père était mineur et ns sommes partis habiter Nice j’avais 13 ans, il y a deux mois je suis retournée voir ma cité, 46 ans après, ce fut une vive émotion, et depuis je recherche des photos de cette époque, elles sont rares, et je suis vraiment contente d’être tombée sur vos photos et votre histoire qui ressemble tellement à la mienne….j’ai eu une enfance heureuse malgré la silicose de mon père et la dureté de la vie des mines.
    Ma maison c’était aussi ma maison, il y avait aussi le jardin, les copines et tout comme vs j’ai une forte nostalgie de cette époque de mon enfance.
    Nous allions à Lens pour faire des courses très rarement, et pour la gare pour chercher mon frère enfant de troupe au Mans je n’ai donc de souvenir de Lens que la gare et un beau magasin…
    Je vous remercie aussi de me montrer des photos de l’époque, la lessiveuse (j’avais oublié) le fer à repasser sur une couverture….la télé ….vraiment c’estformidable ce que vs avez fait…
    tout me revient….
    En espèrant que vous continuiez à me faire rêver à mon enfance, ggros bisous d’une chti de coeur

  21. Lukaszewicz dit :

    J’ai parcouru plusieurs articles et j’y lis ce que mon père qui a grandi al. ‘fosse 14 rue colbert n’a pas eu le temps de partager puisqu’il s’en est allé il y a 4 ans … C’est donc les yeux pleins de larme que je découvre ce qui a sans doute était sa jeunesse
    Sa grand mère, notre badcia habitait rue lamendin (Staziak)
    Encore merci

  22. Marir dit :

    Rien à rajouter sur la vie dans les corons,tout est dit,vous avez été à l’essentiel,s’ajoutant,une belle écriture sans erreurs de syntaxe.
    Vrai tellement vrai.J’ai vécu cela dans la cité de la fosse Archevêque à Aniche,dans les années 50/60.
    4 générations de mineurs dans ma famille…
    Que reste-il de tout cet univers,cette époque solidaire,chaleureuse,…?
    Rien..tous les mineurs sont morts depuis longtemps avant d’avoir, pour la plupart d’entre eux, soufflé leurs 50 bougies,seules quelques veuves âgées et en sursis qui sont les derniers témoins d’un monde disparu.
    Quand on écoute la chanson de Guichard c’est vraiment du Zola à 10 sous…et son père qui n’avait pas les moyens de se payer un manteau même d’occasion..etc etc….des cas sociaux quoi…!

  23. Szymanski dit :

    Dans la continuité cette maison est devenue la mienne , fils de mineur DCD lors de la catastrophe de LIEVIN. l esprit de solidarité n est plus présent, il reste encore un mineur retraité dans cette rue, sa santé est très fragile.
    l auteur de ce récit peut toujours me joindre , il a mon adresse.

  24. Bonjour, ce serait un plaisir de pénétrer de nouveau dans cette maison. Est ce que « ma » chambre existe encore ? C’était celle qui était sous le toit du côté du jardin. Je suis passé souvent rue Lamennais mais je n’ai jamais osé frapper au n°3. Tant de souvenirs, mes parents, mes frères et sœurs, mes copains. J’ai appris que madame Dehière est décédée il y a quelques années, je pensais qu’elle était la dernière de notre génération de mineur. A un de ces jours alors; j’apporterai des photos de mon époque.

    Dernière publication sur Le lensois normand : C'est fini (pour le tome 1)

  25. Catherine Blondel dit :

    Bonjour , en me promenant sur internet en recherchant les lieux de mon enfance , je suis tombée sur votre article que j ai lu avec emotion , car Mme Renard etait ma grand mere et je n allais jamais la voir sans saluer mme Adam , sa voisine …….merci pour ce partage de souvenirs ….

  26. Catherine Blondel dit :

    Bonjour , depuis hier soir ou j ai decouvert cet article , plein de souvenirs me sont revenus , et moi qui suis une gourmande le souvenir des ponckkis et du platzeck que faisait souvent Mme Adam :) Merci pour tous ces souvenirs

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