Il y a 70 ans, Lens sous les bombes
Posté par Le Lensois Normand le 14 avril 2014
Dans quelques jours sera célébré le triste soixante-dixième anniversaire du premier bombardement de Lens de la seconde guerre mondiale.
1944 : la ville de Lens totalement anéantie lors de la première guerre mondiale doit nouveau du subir les conséquences de la bêtise humaine. Ces femmes et ces hommes qui ont déjà perdu une trentaine d’années auparavant des parents, des amis vont de nouveau pleurer les leurs.
En 1944, les ‘frappes chirurgicales’ n’existent pas et pour être à peu près sur d’atteindre l’objectif fixé, il faut élargir la zone à bombarder. Du mois d’avril au moins d’août, cinq bombardements importants ‘visant’ les installations ferroviaires feront plus de 500 morts et de nombreux blessés. On dénombrera plus de mille habitations totalement détruites. Près de quatre mille autres irréparables devront être rasées.
Le premier raid a lieu dans la nuit du 20 au 21 avril vers 23h30.175 avions-bombardiers de la RAF ont pour mission de détruire le dépôt de locomotives de Méricourt. C’est la cité des Cheminots d’Avion qui est principalement touchée mais de nombreux dégâts sont recensés à Sallaumines, Méricourt et Lens. On relèvera 204 civils tués et plus de deux cents blessés.
Dans la nuit du 10 au 11 mai, à 23 h30 nouvelle attaque contre le dépôt des machines du chemin de fer faisant une soixantaine de victimes dans les communes de Lens, Avion, Méricourt et Sallaumines. Cette fois, ce sont 125 appareils qui larguent 532 tonnes des bombes explosives et 2 tonnes de bombes incendiaires. Les calculs ne devaient pas être excellents puisque le dépôt a très peu souffert, les projectiles tombant pour la plus part au sud des voies ferrées.
Neuf jours après le débarquement sur les plages de Normandie, l’aviation anglaise pilonne de nouveau le secteur de Lens dans la nuit du 15 au 16 juin. La RAF vise encore le dépôt avec pour objectif affiché d’empêcher l’arrivée de troupes de renfort allemandes. Cette fois, ils ne sont pas moins de 220 avions à pilonner le secteur pendant dix-sept minutes.
Les militaires jugent ‘la cible touchée avec précision’ mais les dégâts sont considérables en ville : mairie, église Saint Leger, école Sainte Ide, place de la République. Les bombardements vraiment très peu précis ont touché une vaste zone allant de la gare Sainte Elisabeth et du pont Césarine jusqu’au pont de Douai et au cimetière-est. Plus de 300 maisons sont inhabitables.
C’est aussi la première fois que les ‘alliés’ utilisent des bombes à retardement qui, en explosant jusqu’à plusieurs jours après leur largage, font de nombreuses victimes parmi la population. Ce raid fera 38 tués civils à Lens.
Le 4 août dans l’après-midi, ce sont cette fois six appareils américains qui larguent plus de seize tonnes de bombes sur le triage de Lens dans le cadre d’une opération visant les rampes V1 et les batteries allemandes du Pas-de-Calais. 25 nouvelles victimes seront relevées dans Lens et au moins autant de blessés.
Enfin, il y a le bombardement du vendredi 11 août 1944, celui dont les anciens de Lens se souviennent encore comme si c’était hier. Les militaires de la RAF lancent une nouvelle attaque sur le dépôt de Lens. Selon certains témoignages, on apprendra plus tard que ce bombardement était inutile car les allemands avaient déjà quitté le dépôt des machines et abandonné les installations ferroviaires.
A Lens le temps est radieux, il n’a pas plu depuis longtemps. Beaucoup de lensois sont sortis de chez eux ; c’est le jour de la ‘quinzaine’ dans les corons. Les dernières nouvelles remontent le moral de la population, les troupes alliées avancent, la libération tant attendue est proche.
Vers 16h15, les sirènes hurlent, les lensois se précipitent vers les abris. Aussitôt, les premiers obus tombent sur la ville. Plus de 130 bombardiers sont utilisés. A 16h38, tout est terminé. Lorsque les habitants remontent des abris, il fait noir comme en pleine nuit.
Selon certains historiens, c’est la poussière dégagée par les premiers bombardements qui aurait aveuglé les pilotes suivant leur faisant rater leur objectif principal et larguer un bon nombre de leurs bombes sur la ville au lieu du triage ferroviaire. Pourtant, Augustin Viseux, dans son livre ‘Mineur de fond’ est formel : dès la première vague, des bombes tombent sur la cité et la fosse 4.
Les installations du triage sont détruites, certes, mais aussi une grande partie de la ville. Le centre de l’agglomération est de nouveau dévasté, les bombes sont tombées de place de la République à l’église Sainte Barbe de la cité 4, des grands bureaux des mines à la place de la gare…
Lens n’a plus de mairie, n’a plus de caisse d’épargne, n’a plus de piscine, a perdu de nombreux commerces, des églises, des corons, un cinéma, la banque de France….
Le nombre officiel de morts s’élève à 144. Les corps seront rassemblés dans une chapelle ardente installée dans la salle des fêtes de la maison syndicale, rue Emile Zola.
Le chiffre de 114 victimes est en dessous de la vérité car de nombreux corps seront retrouvés par la suite dans les décombres ou dans les caves et d’autres habitants seront tués par ces fameuses bombes à retardement.
Parmi ces victimes figurent de nombreux mineurs de la fosse 4 et des ouvrières de la coopérative des mines qui se trouvait rue Bollaert. Dans la cité 4 s’élève aujourd’hui une stèle en l’honneur des victimes civiles et au jardin public de Lens, une autre rappelle les noms des victimes de la coopérative des mines.
Trois semaines plus tard, le 2 septembre 1944 l’armée anglaise entre triomphalement dans Lens.
C’est ainsi qu’il y avait après les bombardements, de nombreux entre-deux au 4, maisons non reconstruites, laissant un espace vide dans le coron où les voisins ont installé, plus tard,un garage.
Bonsoir Claude,
Merci pour ces photos qui sont vraiment impressionnantes. L’épopée du charbon, la première guerre et à un niveau moindre la seconde et celle de Trente Ans, le football, … quelle histoire fantastique que celle de notre bonne ville de LENS !!!
Amitiés. GT
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Né en 1940, je me souviens très bien, malgré mon jeune âge, de cette triste période.
Nous habitions au 11 (cité St Pierre), une cité toute en pente (cote 70).
J’ai le souvenir de réveils en catastrophe. Ma mère me mettait une couverture sur les épaules avant de descendre à la cave. En traversant la cuisine, elle n’oubliait pas de prendre au passage le tiroir qui contenait son maigre avoir. Mon père lui, fanfaronnait sur le seuil dans l’obscurité bien sur, jusqu’au jour où une explosion plus forte que les autres l’a fait déguerpir dans la cave.
Quand au bombardement terrible du 11 août, j’ai là aussi des souvenirs très précis qui m’ont longtemps marqué. Effectivement il faisait un temps splendide, mon grand père qui habitait 2 maisons plus loin bavardait avec nos voisins. Au premier coup de sirène chacun s’est précipité à la cave. Ma mère avait entraîné avec nous Lucienne une jeune voisine. La mère de Lucienne justement s’était rendue à la grande coopérative près de la gare sainte Elisabeth. À la fin de l’alerte nous étions tous sidérés par les panaches de fumée qui s’élevaient. Notre voisine est revenu dans la cité, hagarde et couverte de poussière.
Dans la cave
J’avais 16.j’habitais cité Sté-barbe .fosse4. Dans ma cave j’ai fait mes prières. Dix fois sans arrêt.ensuite nous avons mes copains et moi.queter des fleurs dans les jardins des corons avec nos voitures à bras.
pour l’enterrement des victimes.auxquelles nous étions volontaires pour assister..tous les voitures hippomobiles ont été requisionnées.plus d’essence!!!souvenir encore présent en Aout2014.
La fosse 4 fut bombardée le bâtiment de la salle des machines fut abîmée et le château d’eau détruit….la fosse 5 de Lens voisine du triage fermée depuis 1932 fut gravement touchee…le puits 5 bis fut completement détruit et le grand chevalet fut fortement abîmée..il ne fut repare qu’en 1952 ..le petit chevalement en béton du 5 bis fut reconstruit en 1947….heureusement que l’activité du site était réduite car ce puits nassurait que des servitudes de service …..car les pertes humaines auraient pu être catastrophiques….
Bonjour,
je cherche la sépulture de mon grand père décédé le 11 mai 1944. Il s’appelait Jan (Jean) Sech(d’origine polonaise) et a été inhumé au cimetière nord de Lens mais sa sépulture a été transférée quelques années plus tard d’après les souvenirs de mon père. Une sépulture de militaires aurait été mise à la place. Pouvez vous m’aider à retrouver la sépulture de mon grand père.
D’avance merci.
G.Sech