Pour Pino
Posté par Le Lensois Normand le 18 juillet 2014
Nous avons appris il y a quelques jours le décès de Monsieur Claude SCHAFFNER, fils cadet de l’ancien Député-maire de Lens, le Docteur Ernest Schaffner. Monsieur Claude Schaffner a été inhumé le 17 juillet, jour de son 67ème anniversaire, à Sermoise, petite commune de l’Aisne.
Le lensois normand s’associe à la douleur de sa famille et de ses proches. Parmi ses amis de toujours, il y a Hervé avec qui il a usé ses fonds de culottes sur les bancs de l’école Carnot à Lens.
Voici le bel et émouvant hommage qu’a écrit Hervé pour son ami ‘Pino’.
« Je me demande si je t’ai appelé une seule fois Claude, tout de suite tu as été mon Pino. ‘Tout de suite’, ce fut en 1952, tu te rends compte… il y a 62 ans ! Nous avions 7 ans, tu habitais au 11 de l’avenue Raoul-Briquet à Lens et moi au 59. Je passais chaque jour te prendre pour nous rendre à l’école Carnot. Nous étions en culottes courtes et portions de lourds cartables que nous nommions ‘carnasses’, dont le contenu le plus précieux était un sac de billes (des mapp, des biscaïens, comme in diso). C’était parti pour 62 années d’une amitié indestructible. Jamais nous ne nous sommes perdus de vue. On m’appelait Dédé, on t’appelait Pino, inséparables nous étions : un jour, nous ayant vu passer et repasser, j’ai entendu une commère lâcher : « ché deux-là, ché comme Saint Roch et sin tchien ». Nous avons grandi ensemble ; nous sommes passés des billes aux filles. Est venue notre grande époque : nos étés de moniteurs en Provence. Là nous nous sommes éclatés, comme on ne disait pas encore, ce furent des étés merveilleux, éblouissants. Nous en avons tous deux gardé des marques profondes, à chaque fois nous en reparlions, ces dernières années, nous faisions re-défiler les visages des uns et des autres, les anecdotes, les canulars et les chansons… et les rires anciens de nos vingt ans nous revenaient en cascades. Dans ces séances, tu étais la mémoire infaillible du gang, tu avais conservé en tête tous les noms, les lieux, les exploits, ce qui ne manquait jamais de m’ébahir. Pino, mon vieux Pino, jamais en six décennies je ne t’ai vu faillir en amitié. Ah, si ! Bon, une seule fois, puisque tu ne m’as toujours pas rendu (malgré kyrielle de réclamations) le carnet de chants de colo que je t’ai prêté en 1963. Sans doute l’as-tu toi-même passé à un autre, dans ta générosité habituelle ? Si par hasard tu le récupères là où tu vis désormais, sois sympa de me le mettre à disposition dans le cloud, d’où je le téléchargerai. Je sais que l’informatique n’est pas ton fort, fais-toi donc aider par un ange ou par le patron d’Internet, Saint Isidore de Séville. Aujourd’hui 17 juillet, tu comprends, je ne vais pas te souhaiter un heureux anniversaire. Mille fois tu m‘as tiré des larmes de rire, et maintenant, vieux filou, tu essaies un autre truc ? Allez, à un de ces jours là-haut pour d’autres aventures… ».
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