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1914-1918 : quatre années d’enfer à Lens (5)

Posté par Le Lensois Normand le 23 juillet 2014

5) Le courage face à l’humiliation

    En avril 1916 , la ville est frappée d’une seconde contribution de guerre de 800 000 francs. Émile Basly et Élie Reumaux tenteront en vain d’en faire baisser le montant. Les Lensois doivent racler les fonds de tiroirs pour trouver une partie de la rançon. L’autre partie est obtenue par des emprunts auprès des banques pour lesquels la compagnie des mines se porte garant.

    Les allemands sont chez eux à Lens. Ils continuent d’humilier la population et ses représentants. Ainsi, le 14 mai, ils obligent Émile Basly, ses adjoints, Élie Reumaux et d’autres notables dont Léon Tacquet, à assister à l’érection d’un monument dans leur cimetière militaire. Les français sont obligés de saluer tous les officiers et de déposer une gerbe au pied de la statue.

034 statue allemande

    A la fin de 1916, les bombardements s’intensifient encore. Le commandant Klaus décide d’enfermer les Lensois chez eux, où plutôt dans ce qu’il reste du « chez eux ». La plupart doivent se réfugier dans les caves ou dans des abris sommaires sous les décombres. La population reste ainsi murée à longueur de journée avec seulement une autorisation de sortir pendant deux heures chaque matin pour effectuer ce qui peut encore être fait de provisions ou vaquer à quelques tâches ménagères.

034 2 lensois dans les ruines

    Ces malheureux Lensois entendent du fond de leur gouffre les bruits de la guerre au dessus de leur tête. Ils ne peuvent savoir s’il s’agit de tirs allemands faisant sauter des parties de la ville ou d’obus anglais lancés contre l’envahisseur.

    Lorsqu’ils sortent enfin de leur tanière forcée, ils s’aperçoivent que la guerre est loin d’être finie : les allemands, sous les ordres de Klaus, ont posté des canons partout en ville et dans les corons. Le pont de la Route de Douai, la maison syndicale, les écluses du canal, les cités 11, 12 et 14 sont ainsi transformées en place forte : le calvaire n’est pas fini dans ce qui était encore deux ans plus tôt la capitale du pays minier. La population n’a pas fini de souffrir : les tirs des soldats alliés pour détruire ces positions vont obligatoirement tomber sur les hommes et les femmes de la ville.

034 maisons en ruine

    Cette population est affamée. Pourtant le comité hispano-américain fonctionne. Le centre de ravitaillement se trouve à Carvin. Si le pain n’est pas de très bonne qualité, il a le mérite d’exister et de permettre aux Lensois desurvivre. On y trouve aussi des légumes secs, des pâtes, des conserves mais peu de viande. Pour assurer le ravitaillement, Basly demande aux autorités allemandes des laissez-passer pour les hommes se rendant à Carvin. Celles-ci en profitent plusieurs fois pour arrêter les convois sur le chemin du retour afin de piller leur contenu.

   Les Lensois assistent, sans pouvoir rien y faire, à l’agonie de leur cité. À longueur de journée, ce n’est qu’un continuel tremblement de terre. Les vitres tombent, les tuiles des toits volent, les briques des murs s’effondrent, les trottoirs disparaissent, les pavés des rues sont arrachés. Malgré leurs malheurs, les Lensois applaudissent aux effets des bombardements, même s’ils en sont les victimes. Pour eux, ces obus qu’ils prennent sur la tête, qui détruisent leurs maisons, qui tuent leurs enfants sont signes d’une offensive donc d’un espoir prochain de libération.

    Il n’est pas rare, comme le soulignent Emile Basly et Léon Taquet, de voir des obus traverser les pièces des maisons. Pour les lensois, aucun autre recours que de se confiner désormais dans les caves aménagées en pièces d’habitation sous les ruines.

    Mais les tenaces Artésiens décident de réagir, de se regrouper, de se soutenir. Habitués à percer des galeries dans le charbon, ils creusent, à l’insu de l’occupant, des tunnels entre leurs caves. Les vieux mineurs ressortent leurs pics, les enfants remontent les seaux remplis de gravas. Dans certains corons, on peut rejoindre l’extrémité d’une rue à l’autre par ces galeries. Ainsi, sous les pieds des ennemis qui occupent leurs logements, des lensois se regroupent pour partager leur maigre pitance et se soutenir mutuellement.

   Malheureusement, il arrive souvent que les murs ou les toits bombardés tombent sur la cave : beaucoup de Lensois meurent étouffés dans ce tombeau qu’ils ont eux-mêmes creusé.

   Rapidement, l’ennemi découvre ces cachettes. Les soldats qui occupent les maisons veulent aussi bénéficier de l’abri des caves. Ils choisissent les meilleures d’où ils expulsent les occupants. Afin de consolider leur nouvel abri et de le protéger des bombardements, ils n’hésitent pas à faire entreprendre des travaux par des hommes, des femmes et même des enfants qu’ils réquisitionnent, les obligeant ainsi à travailler sous les bombes et les tirs d’artillerie.

035 soldats allemands cité 11

   Une autre attitude indigne d’un militaire est rapporté par Émile Basly : un jour, le Commandant Klaus exige que toutes les lensoises de 15 à 60 ans subissent un examen médical effectué par des « majors » allemands. On devine les intentions cachées de ce vicieux ! Devant le refus des femmes et les protestations des autorités françaises (ou de ce qu’il en reste), il doit alors accepter de remplacer cette visite médicale par une simple attestation de bonne santé. Le docteur Emery, médecin-chef de l’hospice se fait un plaisir de délivrer, sans même les rencontrer, tous les certificats demandés aux lensoises.

   Les troupes allemandes subissent de nombreuses pertes. Leurs officiers, sur ordre de Klaus, vont chercher de la main d’œuvre dans les corons. De jeunes garçons, des enfants sont enrôlés de force et disparaissent. Lorsqu’ils reviennent chez eux quelques jours plus tard, ils racontent qu’ils ont été conduits sur la ligne de front pour y exécuter des travaux, fabriquer des abris, creuser des tranchées …

   Cela n’empêche pas certains de résister au péril de leur vie. Un de ces gamins transportant un sac de plâtre ne peut saluer un sous-officier allemand. Il est jeté à terre et roué de coups. De rage et afin de ne plus être obligé de se décoiffer devant l’ennemi, il creuse un trou dans le sol et y enfouit sa casquette.

   Les abris n’empêchent pas le nombre de civils tués d’augmenter continuellement. Que ce soit suite aux bombardements ou fusillés par les allemands pour le moindre motif, parfois simplement pour l’exemple, trois cents cinquante civils lensois perdront la vie pendant cette occupation. Dans son journal, Léon Tacquet relate que quasiment chaque jour, des personnes décèdent à l’hospice, des Lensois mais aussi des blessés apportés de Liévin, Eleu, Angres ou Souchez.

   Ainsi, souvent, le matin, à sept heures (horaire exigée par Klaus pour les enterrements), un ou plusieurs corbillards mènent la dépouille d’un homme, d’une femme ou d’un enfant abattu. Le convoi conduit les défunts au cimetière-est route de Douai. Dans ce lieu de plus en plus dévasté au fil des ans, aucune cérémonie religieuse n’est autorisée avant l’inhumation qui se déroule sous l’œil intransigeant de la police allemande. Lorsqu’un soldat français décède à l’hôpital, les autorités allemandes interdisent aux Lensois d’assister à l’enterrement. Par contre, lors de l’inhumation d’un soldat allemand, les généraux exigent la présence d’élus ou de notables français et de grandes cérémonies religieuses sont célébrées.

   Le 8 février 1917, les soldats allemands décrochent et emmènent les quatre cloches de ce qui reste de  l’église Saint Léger. Le buste en bronze représentant l’ancien maire de Lens Guislain Decrombecque, place du Cantin, est également emporté. Tout ce qui est en bronze sera fondu et servira à faire de nouveaux canons pour l’armée allemande.

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   Les bombardements s’intensifient encore en ce début d’année 1917. Dans les corons, sur les 18000 maisons, il en reste à peine 1000 debout.

036 rue Jeanne d'Arc 1916

   Lorsque les obus tombent sur l’usine à gaz, avenue du 4 Septembre, dix-huit civils lensois sont tués. En mars, les bombes tombent au pont de Douai. Les Allemands qui font une grande fête dans la brasserie Bruneau tout à côté sont frappés de plein fouet. De nombreux officiers et soldats sont tués. Le quartier est entièrement rasé.

039 usine a gaz av 1914

   Plus la guerre avance et plus les victimes civiles sont nombreuses. Les allemands proposent aux habitants d’être évacués vers l’arrière, leur promettant du travail et un salaire. N’ayant plus aucune ressource, beaucoup de familles pauvres acceptent. Les allemands promettent de faire suivre leurs bagages et leur mobilier après leur avoir fait régler les frais de transport. Bien sur, ces indigents ne revirent jamais leurs biens.

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Moïse DUPUIS, Suzanne LEFORT, artistes mais discrets

Posté par Le Lensois Normand le 30 mai 2013

MOÏSE DUPUIS

   Peu de Lensois doivent connaître Moïse Dupuis. J’avoue que moi-même je ne le connaissais pas avant d’étudier l’histoire de Lens et des hommes qui l’ont fait. Il fait partie de ces inconnus qui ont donné de leur temps et de leur talent pour que vive la culture dans la capitale du Pays Minier. C’est Gérard Delmarre, aujourd’hui Président et Directeur de la Société Chorale Lensoise qui nous parle de Moïse Dupuis.

Moïse DUPUIS, Suzanne LEFORT, artistes mais discrets dans Histoire dupuis-011

    Moïse Dupuis est né à Cauchy-à-la-Tour le 2 mars 1921. Il arrive à Lens avec ses parents alors qu’il est encore enfant, son père ayant trouvé du travail à la Compagnie des Mines.

   Doué pour la musique et doté d’une oreille exceptionnelle, c’est très jeune qu’il entre dans la classe de clarinette du conservatoire de Lille puis, très rapidement, au conservatoire de Paris. Il se forge une belle réputation de clarinettiste mais aussi de pianiste, à tel point que, le jour du concours pour obtenir le diplôme couronnant les trois années d’études dans la classe de clarinette du conservatoire de Paris, il accompagne lui-même ses camarades.

    Parallèlement, il y suit aussi les cours d’harmonie et de contrepoint (écritures musicales) pour s’ouvrir une carrière de compositeur et de chef d’orchestre.

    C’est à cette période que Moïse Dupuis rencontre à Liévin Suzanne Lefort. Elle habite non loin de chez Alfréda Douchain, celle qui deviendra un peu plus tard Madame Dupuis. La voix de Suzanne Lefort est extraordinaire. Moïse réussit à convaincre ses parents de l’inscrire au Conservatoire de Lille malgré son jeune âge.

    En 1940, un accident de voiture contrarie les plans de carrière de ce virtuose de la clarinette. Cet accident a lieu alors qu’il se trouve dans la voiture d’un ami circulant dans Lens dans les conditions délicates que vous imaginez à cette époque. Moïse est gravement blessé, la mâchoire brisée. Il abandonne alors toute carrière musicale professionnelle et quitte Paris alors qu’il est pressenti pour se présenter au concours du Grand Prix de Rome, la distinction enviée par tous les compositeurs, avec à la clef un séjour à la Villa Médicis à Rome.

    En 1941, il se marie avec Alfréda Douchain, infirmière au dispensaire de la Caisse de Secours des Mines puis trouve un emploi aux Grands Bureaux de Lens. Il n’abandonne jamais sa passion pour la musique, ni sa vocation.

1963 chanteuse dans Lens

    Il accompagne parfois à l’orgue les services de Monsieur Farelli, pasteur au Temple Baptiste de l’avenue Alfred-Maës. Il dirige la chorale de sa paroisse et commence à répéter chez lui avec des amis des deux paroisses protestantes calvinistes de la rue Victor-Hugo de Lens, de la chapelle du mémorial de Vimy et de Liévin et de la paroisse baptiste. Ces communautés se réunissent chaque année à la Pentecôte. L’ensemble vocal est bientôt rejoint par des amis de toute confession et des collègues de travail des deux époux. Ce groupement chante des œuvres du répertoire vocal classique et acquière rapidement un niveau extraordinaire. Sur les conseils avisés du Docteur Ernest Schaffner, ami personnel et futur maire de Lens, Moïse envoie le 2 mars 1946 à la sous-préfecture de Béthune les statuts de la Société Chorale Lensoise pour «étudier le chant choral et donner des concerts publics ou privés».

1946spectateurs chorale dans Les Hommes

    Très exigeant avec les choristes comme il l’est avec lui-même, sa devise est : «Qui peut le moins, peut le plus» ; il hisse son groupe à un très haut niveau. Les premiers articles de presse de l’époque relatent les concerts de la Chorale auxquels de nombreux artistes prestigieux, tous premiers du conservatoire de Paris ou en passe de le devenir et amis de Moïse, participent avec enthousiasme. Parmi ceux-ci et pour les quatre premiers concerts de la Société Chorale Lensoise, il y a Messieurs Loridan, Dhaene, Largillière, Gourdin, Charlet, Hollande, Monsieur et Madame Delvigne, Mademoiselle Hoyez et bien sûr, Suzanne Lefort.

    Bien d’autres virtuoses y font des apparitions par la suite : le tout dernier, en 1984, étant Monsieur Alain Raës, professeur de piano au Conservatoire de Lille.

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   Moïse Dupuis a porté la Société Chorale Lensoise au sommet de la hiérarchie régionale et internationale. En 1963, il remporte avec elle, haut la main, le concours international de chant choral qui se tient à Luxembourg  (Premier Prix d’interprétation à l’unanimité et premier Prix de lecture à vue). D’autres concerts ont lieu à l’étranger, notamment en Allemagne à Leverkussen. Des enregistrements pour la radio de Lille sont réalisés suite à des concours organisés par la Fédération de Sociétés Musicales du Nord et du Pas-de-Calais et remportés par la SCL avec le même brio.

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   Parallèlement à tout cela, la réputation de musicien d’exception a perduré et de nombreux clarinettistes se sont réclamés de Moïse Dupuis. Ils venaient travailler avec lui et écouter ses conseils pour la préparation de concours en vue de l’obtention d’un poste de soliste dans les prestigieux orchestres de la capitale; les frères Boulanger notamment. D’autres musiciens accomplis se réclament également de lui bien qu’ils ne le rencontrèrent pas. Claude Faucomprez, clarinette soliste à l’Orchestre National de Lille, professeur aux conservatoires de Lille et de Roubaix et organisateur de master-classes, en est un exemple. Monsieur Faucomprez a enregistré le concerto de Mozart avec l’Orchestre National de Lille. A bien l’écouter, on peut imaginer facilement, surtout dans le deuxième mouvement, que Moïse aurait pu le guider dans son interprétation magistrale.

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    Moïse Dupuis fut un grand humaniste. Sa culture générale était immense, sa culture musicale encore plus. Témoignant d’un caractère très fort, en homme droit, il a su mettre au service de ceux qui étaient sous sa direction sa virtuosité et son sens musical, à mon sens inégalable. Il parvenait à obtenir des nuances avec les formations qu’il dirigeait, à en faire frémir plus d’un. Il obtenait des amateurs ce que des professionnels réalisaient : faire coïncider la volonté des compositeurs avec ses interprétations. J’ai beaucoup appris avec et grâce à lui. Mon père, qui le côtoyait à la chorale depuis de longues années, lui apprit que je faisais des études musicales au Conservatoire de Lille et au Lycée Pasteur puis à l’université de Lille 3 pour y préparer le concours du CAPES d’éducation musicale et chant choral. Moïse me prit alors en main en me faisant faire, chez lui, des dictées musicales d’un niveau du « Conservatoire de Paris ». Il me donna aussi des cours d’harmonie très poussés et, grâce à tous ses conseils, je réussis le concours en 1988. Notre collaboration, ponctuant plusieurs années d’affinités communes, «familiales», que l’on peut faire remonter aux années 1930/40 avec les rencontres paroissiales et relayées par mon père, a duré jusqu’au décès de Moïse le 5 septembre 1992.

    Au sein de la Société Chorale Lensoise, il fonda le chœur féminin pour lui permettre d’aborder ce répertoire en le faisant connaître aux choristes ainsi qu’aux auditeurs. A Lens, Moïse Dupuis a aussi dirigé, de concert, après nominations obtenues sur concours, les destinées de l’école de musique «Frédéric Chopin» et de l’Harmonie Municipale de Lens, composée alors de Lensois et des meilleurs musiciens amateurs de la région lensoise. Il enregistra avec elle un disque sur lequel figurent : La «Rhapsody in blue» de George Gershwin et le «Concerto de Varsovie» avec Alain Raës au piano. Ce même Alain Raës, qui, avec la complicité d’Alfréda Dupuis, enregistra quelques-unes des meilleures sonates pour piano composées par Moïse, qu’il conservait à l’abri des regards indiscrets : «Andantino», «Scherzando» et «Lecture piano».

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    Quelques années avoir démissionné de l’harmonie et de l’école de musique de Lens, c’est à la tête de l’harmonie de Wingles qu’il apporta son savoir. La ville de Wingles lui doit quelques concerts mémorables avec la Société Chorale Lensoise qui lui tenait tant à cœur et qu’il chérissait comme son enfant.

    Sous sa présidence, la Délégation de Lens pour la Fédération des Sociétés Musicales du Nord et du Pas-de-Calais a organisé des concerts annuels auxquels la SCL participait et durant lesquels chaque chef se succédait à la tête d’une formation musicale constituée des membres des harmonies et batteries fanfares représentées sur la scène, soit plus de 200 musiciens pour y interpréter un programme commun. Albert Gaigneur, Premier clarinette de l’harmonie de Lens au temps de Moïse, lui succéda à la Présidence de la délégation, une présidence aujourd’hui assurée par Alain Matyba, un autre ancien clarinettiste de l’Harmonie Municipale de Lens.

    Moïse a été un grand pédagogue. Pour faire progresser le niveau des harmonies de la Fédération et former de jeunes chefs, avec trois de ces collègues dont Marcel Chapuis de Bapaume et Georges Fontaine de Noeux-les-Mines, il a organisé des stages de direction d’orchestre.

    Pour terminer, c’est Christian Daubresse, ancien Adjoint à la Culture au Maire de Lens qui nous parle de Moïse Dupuis :

 »J‘ai bien connu ce cher Moïse ! Et pour cause ! Entre autres, j’ai été président de l’Harmonie Municipale et surtout président du conseil d’administration de l’école de musique, Moïse a été en même temps le directeur de la chorale, directeur de l’école de musique, et chef de l’harmonie municipale : c’était un excellent musicien ! Il était clarinettiste, et il devait faire une carrière professionnelle mais, si mes souvenirs sont exacts, un accident l’en a empêché. Je crois que sa mâchoire avait été fracturée quand il était au Conservatoire de Paris. Tout cela est à vérifier : je n’ai jamais osé en parler avec lui. Ce que je peux affirmer, c’est qu’il a fait faire des progrès immenses à l’harmonie, progrès continués par les chefs qui lui ont succédé, si bien que l’harmonie est devenue excellente ! Employé aux Grands Bureaux des Mines, il donnait en plus des cours de clarinette, et j’ai connu un virtuose, actuellement musicien de l’ O N L, qui se réclame de Moïse: il s’agit de Claude Faucomprez.

Sous la férule de Moïse, un disque de l’Harmonie a été enregistré. Il doit en rester quelques exemplaires au Colisée ».

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SUZANNE LEFORT

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    Le 10 novembre 1919 à 13h00 dans une des constructions en tôle qui faisaient office d’habitations provisoires après la Première Guerre Mondiale naît Suzanne Adélaïde Lefort. Son père Emile était mineur-infirmier à la fosse 3 de Liévin.

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    En 1932, après que Moïse Dupuis ait su convaincre ses parents qu’elle était très douée pour le chant, la jeune Suzanne entre au Conservatoire de Lille dans la classe de piano et de solfège.

   La beauté de sa voix enthousiasme ses professeurs et, dès juillet 1936, elle obtint un premier prix de chant.

   Arrivée au Conservatoire de Paris, sa voix fit merveille autant qu’elle le fit à Lille. Suzanne Lefort entre ensuite à l’Opéra Garnier pour y chanter ‘Dalila’,

   En 1937, elle participe au concours des maîtres du chant français, véritable brevet d’aptitude pour commencer une carrière de chant lyrique. Ce concours n’ayant lieu que tous les cinquante ans et n’étant ouvert qu’aux personnes âgées d’au moins 18 ans, la jeune fille s’y engage sous le nom de sa sœur aînée Madeleine.

   Le jury, dirigé par Thomas Salignac, Président de l’Académie du Chant, lui décerne le brevet à l’unanimité avec cette mention : « Belle voix, bien timbrée… Manque un peu d’expression au profit de la puissance. Et elle a 18 ans !!!! ».

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   Mais la supercherie est découverte. Elle conserve néanmoins son brevet mais pas la bourse qui va avec.

   L’année suivante, elle remporte haut la main le concours d’entrée au Conservatoire de Paris. Parmi les membres du jury se trouve Jacques Rouché (1862-1957), un mécène propriétaire du journal «la Grande Revue» et Administrateur Général de l’Opéra Garnier.

   Ému par la voix de la jeune femme, il l’encourage et lui fait obtenir une bourse d’études qui va la dégager des soucis financiers et lui permettre de suivre les cours du conservatoire, rue de Madrid à Paris dans la classe de Mme Cesbron-Viseur (1879-1967).

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   En juillet 1941, à quelques jours d’intervalle, elle obtint trois prix :

    • un premier prix de chant à l’unanimité avec l’air de «la Favorite» de Donizetti.

    • Le 3 juillet, le prix de l’Opéra-Comique avec «la Vivandière» de Benjamin Godard.

    • Le 8 juillet, le premier prix d’opéra avec «Samson et Dalila» de Camille Saint-Saëns, elle qui sera une très grande Dalila.

   Suzanne passe ensuite directement du Conservatoire à l’Opéra Garnier qui, uni à l’Opéra-Comique en difficulté financière, forme à l’époque la Réunion des Théâtres Lyriques Nationaux .

    Elle interprète le 16 novembre 1941, à l’âge de 22 ans, le rôle de Dalila, le rôle-titre de l’opéra de Saint-Saëns et bien d’autres airs dont Carmen de Bizet. C’est un vrai triomphe : plus de 30 rappels.

   Sous l’occupation, les autorités allemandes, agissant comme les maîtres des lieux à Paris, imposent aux artistes d’exécuter des représentations.

   Suzanne Lefort participe à certaines d’entre-elles à l’Opéra de Paris comme « Palestrina » de Hans Pfitzner le 12 avril 1942 (chefd’orchestre : Bertil Wetzelberger) ou Samson et Dalila le 11 février 1943 sous la direction de François Ruhlmann.

   En 1943, lors d’une représentation d’Hérodiade de Massenet à l’Opéra de Paris, un projecteur se décroche et tombe sur la scène. Le machiniste qui la pousse in extremis avant qu’elle ne le reçoive sur la tête se blesse sérieusement au visage.

   En 1944, elle reçoit le galon de sous-lieutenant. Ses trois sœurs, sa mère et son père ont servi comme infirmiers pendant la Seconde Guerre. Lors de la cérémonie, elle chante devant le Général de Gaulle l’hymne de la Libération à l’Opéra de Paris.

    Après la guerre, elle poursuit sa carrière retentissante. Elle chante à Paris comme sur toutes les scènes françaises et étrangères, remportant d’énormes succès. On rapporte que, quand elle passe à la Radio, elle est obligée de reculer de plusieurs mètres pour éviter la saturation des microphones.

    C’est d’ailleurs pour la radio qu’elle interprète le 18 décembre 1946 de larges extraits de «Samson et Dalila» avec Gaston Rijean, Charles Cambon et l’Ensemble Orchestral du «Lyrique» dirigé par Jules Gressier.

   On l’entend dans de grands rôles comme Aïda de Giuseppe Verdi, Orphée, Margared du «Roi d’Ys» d’Edouard Lalo, Erda de l’ «Or du Rhin» de Richard Wagner, Albine de «Thaïs» de Jules Massenet.

    Le 21 juin 1947, elle épouse celui qui allait devenir un immense chef d’orchestre, Georges Prêtre. Mais ce mariage ne durera pas : le 6 décembre 1949, le divorce est prononcé par le Tribunal Civil de la Seine.

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    Suzanne Lefort tombe ensuite gravement malade, elle quitte la scène en 1953. Les drames de la vie et un cancer du sein la plongent dans une grande dépression et elle n’a plus la force ni l’envie de monter sur les planches. N’ayant droit à aucune retraite de chanteuse d’Opéra, elle trouve des emplois de secrétariat bien loin de ses capacités et peu rémunérés.

    En 1957, elle tente bien un retour dans le rôle de Maddalena de «Rigoletto» mais le cœur n’y était plus. La maladie finit par l’emporter le 20 mars 1977 à Ecquevilly (Yvelines) à l’âge de 57 ans dans une indifférence totale. Un journaliste de Radio France parlera d’elle d’elle comme d’une étoile filante de l’opéra.

SUZANNE LEFORT A LENS

   Le vendredi 21 janvier 1949, Suzanne Lefort retrouve Moïse Dupuis et chante avec la Société Chorale Lensoise. C’est par l’intermédiaire de Victor Hollande, membre de la chorale et beau-frère de Suzanne, que Moïse Dupuis reprit contact avec la cantatrice. Les archives de la chorale, précieusement conservées, montrent que Moïse a écrit une première fois à Suzanne le 22 septembre 1948 pour lui expliquer en détail le projet de concert qu’il souhaitait organiser pour «faire vivre la société convenablement et parce que le désir de l’entendre était grand». Suzanne accepta spontanément de venir à Lens.

   C’est par ces mots qu’il terminait cette lettre : «Si cette affaire peut se régler, je serai très heureux de te revoir et échanger avec toi quelques souvenirs (…) Je termine donc en t’assurant que ton obligeance me fait grand plaisir et dans l’attente de pouvoir t’embrasser, je t’exprime mes sentiments très affectueux».

   Moïse et Suzanne se sont rencontrés le 18 décembre pour déterminer le programme de la soirée et les interprétations de la cantatrice. (« Orphée » de Gluck et « Samson et Dalila » de Saint Saëns).

   L’Apollo étant trop chère pour les finances de la chorale, le concert s’est déroulé salle Gabilly devant un nombre impressionnant de spectateurs. Le lendemain, on peut lire dans la presse lensoise : «Suzanne Lefort et André Charlet ont recueilli un formidable succès au gala de la Société Chorale Lensoise… M. Charlet (1e Prix du Conservatoire de Paris et Professeur au Conservatoire de Lille) qui possède un véritable don de virtuose a recueilli une ovation bien méritée… Suzanne Lefort vient de terminer une tournée mondiale qui l’a menée en Amérique, au Brésil, en Italie, en Allemagne. Partout, elle a remporté un triomphe, notamment dans «Samson et Dalila» dont elle est l’interprète rêvée. Elle a conservé de son « Pays Noir » un souvenir ému et c’est avec joie qu’elle a accepté la demande de M. Dupuis, un camarade de Conservatoire, de venir se produire à Lens. La merveilleuse cantatrice reçut une ovation interminable lorsque le Docteur Schaffner, Maire de Lens et Président d’Honneur de la SCL, lui remit une magnifique gerbe de fleurs. Ce fut en tout point une délicieuse et agréable soirée».

   A la suite du concert, M. Jean Dujardin, en qualité de président de la SCL, adressa cette lettre à Suzanne Lefort au 37 rue François-Courtin à Liévin, probablement au domicile de ses parents : « Madame, réuni dernièrement, le comité de la Société Chorale Lensoise m’a chargé de vous remercier très sincèrement du grand honneur que vous avez bien voulu nous faire en acceptant d’apporter votre précieux concours à notre concert du 21 janvier dernier. La gentillesse et la simplicité dont vous avez fait preuve à notre égard en cette occasion font que nous garderons toujours de votre venue parmi nous un merveilleux souvenir ».

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La Rocade Minière

Posté par Le Lensois Normand le 20 décembre 2012

La Rocade Minière dans Histoire rocade001

    On ne se doute pas aujourd’hui lorsqu’on emprunte la rocade minière qu’il y a près de 60 ans elle existait déjà mais seulement à l’état de projet. En effet, la rocade minière, appelée depuis aussi autoroute A21 a été imaginée dès 1954 alors qu’Ernest Schaffner était Maire de Lens. Le but était de pouvoir traverser d’est en ouest le Bassin Minier et de relier les villes où l’activité économique battait son plein avec Paris et d’autres grandes agglomérations.

    La ville de Lens, au centre et capitale de ce Bassin Minier, était donc certainement la plus intéressée par le projet. Bien que la circulation automobile n’était à l’époque encore réservée qu’à une certaine élite, la ville, où se croisaient au même endroit, le carrefour Bollaert, les routes provenant d’Arras, de Liévin, de Béthune, de La Bassée, de Douai et de Lille risquait rapidement d’être saturée aux heures de pointe. Mais la rocade permettait surtout aux camions, mode de transport de marchandises en plein développement, de desservir les industries en évitant les centre-villes.

    Ernest Schaffner chargea donc André Delelis de la gestion du dossier de la rocade.

    Déjà à cette époque, deux des propositions avancées par l’État et le Préfet déplaisaient aux élus locaux :

  • L’État voulait que la construction de la rocade soit intégralement pris en charge par les collectivités locales.

  • Le projet défendu par les Houillères et la préfecture prévoyait de contourner Lens par le sud.

   André Delelis dira  en 1998 :  »Je n’étais pas encore Maire de Lens que déjà, à l’époque, j’avais entrepris un combat difficile contre le Préfet du Pas de Calais, contre la Direction de l’Équipement, contre le Directeur des Houillères du groupe Lens-Liévin qui voulaient imposer à notre ville d’avoir la rocade minière au sud, sans aucun passage an nord… Dans le cabinet du Préfet, qui a étendu les plans sur la moquette, nous avons discuté avec l’arbitrage du Président du Conseil Général et nous avons obtenu satisfaction : la rocade est passée aussi bien au sud qu’au nord ».

    En 1956, le projet de création d’une rocade traversant le Pays Minier de Bruay-en-Artois à Valenciennes est validé en même temps que la création de l’Autoroute Calais-Reims (A26). C’est un décret signé par Guy Mollet, Président du Conseil et maire d’Arras qui donne le feu vert. Mais son financement retardera le début des travaux.

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André Delelis et Guy Mollet sont à l’origine de la construction de la rocade minière

    En 1965, les élus lensois, comme tous ceux du bassin minier, s’impatientent. Dans dans le bulletin municipal de l’année, il est souligné que la carrefour Bollaert est de plus en plus chargé, un comptage de 1959 fait état de 20 000 véhicules par jour.  »A l’évidence, seule une voie de rocade permettra de faire face aux nécessités. Lié à l’expansion de la ville, à la réalisation de la ZUP, ce projet ne manquera pas de voir le jour »’.

    Ce n’est que 10 ans après la validation du projet, le 28 décembre 1966, que l’Arrêté Préfectoral concernant l’enquête d’utilité publique est promulgué.

    Le 28 janvier 1967, le Conseil Municipal de Lens délibère sur le projet. Depuis quelques mois, André Delelis est Maire après le décès brutal d’Ernest Schaffner. Sur sa proposition, le projet de construction de la rocade est adopté mais avec la seule condition que celle-ci emprunte le tracé nord contrairement au projet défendu par le Préfet Gabriel Eriau et le Directeur des HBNPC Paul Gardent. En effet, la ville de Lens ne veut pas d’une rocade passant par le sud qui couperait  »par une muraille de 5 à 6 mètres de haut » la partie sud des villes de Lens et de Liévin. Dans ce projet, il n’est pas encore question d’utiliser le lit du Canal de la Souchez, officiellement toujours en service pour installer la rocade bien que dès 1962, le Conseil Municipal avait demandé son assèchement. Des ouvrages d’art sont prévus pour passer le long de ce canal, au dessus des voies ferrées et de la route d’Arras.

rocade003     De plus, la voie de desserte de la ville, à l’extrémité de l’avenue Raoul Briquet, coupera les accès à certaines entreprises (les Laminoirs, Le Génie Civil) installées à l’est de Lens, fera que les projets d’agrandissement du Stade Léo Lagrange et de créer une liaison entre le Boulevard du marais et l’Avenue Van Pelt déjà adoptés soient abandonnés.

   Le 20 octobre 1967, ne voyant toujours rien venir du côté de l’Etat alors que l’autoroute A1 vient d’être mise en service, A. Delelis intervient à l’Assemblé Nationale auprès du Ministre chargé du Plan et de l’Aménagement du Territoire, Raymond Marcellin :  »’ Vous n’annoncez le financement de deux routes nouvelles entre Lens et la Zone Industrielle de Douvrin d’une part et entre l’extrémité ouest de la (future) rocade et Houdain. Mais ces deux voies doivent se raccorder à la rocade minière tel qu’elle a été décidé en 1956 et qui reste toujours à l’état de projet. J’aimerai que vous fixiez l’importance des crédits qui seront affectés à la rocade minière  ».

    Le Gouvernement de Georges Pompidou ne veut pas que l’État participe au financement des travaux et demande que celui-ci soit entièrement pris en charge par les collectivités locales. Finalement, les interventions et la ténacité des élus locaux et du Conseil Général feront que seuls l’État et le Département mettront la main à la poche.

    Le 9 avril 1968 la déclaration d’utilité publique pour la section de Lens à Auby est enfin proclamée : la rocade passera bien par le Nord de Lens.

    Dix jours plus tard, pour permettre la réalisation future de l’embranchement sud de la rocade, le canal de la Souchez devenu une véritable décharge dans laquelle se déversent les égouts de la ville est déclassé et n’est plus repris parmi les voies navigables.

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    Les travaux de la rocade peuvent alors commencer.

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    Bien sur, il n’est pas besoin d’aller bien loin pour trouver les matériaux nécessaires à la pose de la plateforme : le schiste des terrils fait parfaitement l’affaire.

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    En 1969, le Syndicat Intercommunal de la Rocade Minière est créé. Il réunit 24 communes de l’agglomération de Lens-Liévin.

    En 1970 on assiste à l’ouverture du tout premier tronçon qui permet de relier Lens à la Zone Industrielle nord (Douvrin-Billy-Berclau).

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   Sur cette photo : à gauche la route Lens-Douvrin de laquelle part une sortie vers la gauche vers Loos en Gohelle que l’on aperçoit dans le fond. Cette route est encore à deux voies. Sur la droite, la Grande Résidence et les quelques bâtiments préfigurent l’arrivée de la Zone des Renardières. Sur le pont en bas de la photo circule la ligne de chemin de fer des mines qui va de la fosse 11/19 des mines de Lens à Vendin.

    Le même endroit aujourd’hui tiré d’une vue de Google Earth :

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     Un peu plus au sud-est, l’échangeur qui relira la rocade à l’avenue Raoul Briquet est en construction :

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    Ainsi que le pont qui passe au dessus de la ligne de chemin de fer qui dessert la fosse 2 :

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    Début 1971, les ouvrages d’art terminés, la rocade est bitumée et reliée à l’Avenue Raoul Briquet mais ne rejoint pas encore la route de Douvrin (la plateforme jusqu’à la ZUP est en cours d’achèvement) :

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    On distingue sur la gauche les Laminoirs (qui seront fermés en 2008 après être passés dans le groupe d’un certain … Mittal). Entre l’échangeur et la Grande Résidence, on distingue le chevalement de la fosse 2.

    Vers le nord, la rocade franchit par des ponts supérieurs les routes de Loison et de Lille à proximité de la cité Hollandaise.

    Le pont de la Route de Lille en construction :

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   Le tracé de la rocade coupe en deux la cité des Oiseaux et le Vieux Chemin d’Annay est mis en impasse côté Loison.

   Plus à l’est, les travaux sont gigantesques comme ci-dessous du côté de Noyelles-sous-Lens où la mise en place de la plateforme avance.

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    Au printemps 1971, tous les ouvrages d’art du tronçon reliant Lens et la ZI de Douvrin à l’Autoroute A1 au niveau d’Hénin Liétard sont terminés comme celui ci-dessous (photographié à l’époque et aujourd’hui) qui franchit la rue de Courrières dans cette ville.

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   Quelques mois plus tard, cette partie de la rocade est ouverte sous le nom de RN 46. Dans la cour des Laminoirs (à droite sur la photo suivante), le canal refait surface : il a été asséché entre l’échangeur et la gare de Lens. Pour desservir les Laminoirs et le Génie Civil de Lens, le boulevard du Marais a été prolongé le long des usines et passe sous la rocade.

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    En 1972 les villes de Sallaumines, Noyelles-sous-Lens, Montigny-en-Gohelle, Harnes, Fouquières-lez-Lens, Billy-Montigny, Courrières et Hénin-Beaumont sont raccordées à la rocade minière par des échangeurs. La rocade s’intègre dans le paysage minier, elle serpente entre les terrils et les agglomérations. En longeant sur une courte distance la canal, elle passe sous la ligne de chemin de fer qui relie la gare de Lens au triage de Vendin. Les travaux de raccordement avec la partie sud de la rocade ne sont pas encore commencés.

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    Un peu plus tard, au nord, le raccord avec la route de Douvrin est réalisé. Les employés des usines de Finalens ou de la Française des Mécaniques peuvent rejoindre Lens sans quitter la rocade.

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    Une sortie est prévue vers la Grande Résidence où habitent bon nombre des employés des ces usines

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    Entre Lens et Loos-en-Gohelle, on élargit les ponts pour la mise en deux fois deux voies de la rocade.

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   Une vue de la rocade nord mise à deux voies à l’endroit où elle passe sous la Route de La Bassée.

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   A la limite de Loos-en-Gohelle, la rocade emprunte un court moment l’ancienne ligne de chemin de fer qui séparait les puits 11/19 de leurs terrils.

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  Pendant ce temps, les travaux préliminaires à la construction de la rocade sud ont débuté. Dans un premier temps, le canal est asséché.

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   En 1973 la mise en service de la déviation d’Avion sur la RN 25 (Route d’Arras) est le premier élément du futur raccordement à la rocade du sud de Lens.

   En 1974, le canal rejoint sa partie visible en circulant sous terre dans d’énormes conduits en béton : les travaux de la rocade sud peuvent commencer.

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   La construction de la partie sud entraîne bien sur l’élargissement des ponts sous les voies de la S.N.C.F.

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     Au sud d’Avion vers Vimy, un pont est bâti pour l’échangeur.

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   Et les travaux vont jusqu’à la côte de Vimy.

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   Pendant ce temps, de nouveaux tronçons sont mis en service à Billy-Montigny et entre Lens et Aix Noulette.

   A la fin du mois de février 1976, la rocade minière sud est mise en service et est raccordée à la rocade nord par la modification de l’échangeur au niveau des Laminoirs.

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    L’inauguration officielle du contournement autoroutier de Lens a lieu le 28 février 1976 en présence d’André Delelis et du Préfet du Pas de Calais Pierre Denizot. Le maire de Lens souligne que ce contournement et la rocade n’ont pas coûté un centimes aux contribuables lensois et qu’elle est et restera gratuite pour les automobilistes.

   Dans l’ancien lit du canal de la Souchez, le paysage a bien changé :

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    Des divergences entre les villes de Lens et de Liévin font que le tour de Lens n’est pas total, l’ouest de la ville n’est pas desservi. Un dernier tronçon au sud-ouest des deux villes ne sera mis en service qu’en 1987 avec le raccordement de la rocade sud (appelée d’abord RN48 puis maintenant A211) à la rocade nord par le Rond Point d’Eleu-dit-Lauwette et l’élargissement du CD 58 à Liévin (Avenue François Mitterrand). Elle est raccordé au niveau de la rue François Courtin à la ‘quatre voies’ qui rejoint la rocade nord au niveau de Bully-Grenay, portion construite au tout début des années 70 lors de l’ouverture du centre commercial Carrefour.

   Cette route a été construite sur l’ancien cavalier des chemins de fer des mines qui reliait la fosse 3 de Liévin (à la limite d’Eleu-dit-Lauwette) à la fosse 3 de Lens (cité Saint Amé) en passant notamment sous l’Avenue Jean Jaurès là où se trouvait le passage à niveau que l’on appelait ‘la barrière du 3′.

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   Cet itinéraire n’était pas celui envisagé initialement : dans le projet des années 60 soutenu par André Delelis, la rocade devait circuler à la limite des villes de Lens et de Liévin.

   Le 3 décembre 1976, l’autoroute A26 est mise en service entre Lillers et Plouvain (48 km), la même année la rocade minière rejoint Loos en Gohelle à  Aix-Noulette.

   L’ouverture de la rocade minière sous la totalité du parcours entre Aix-Noulette et l’échangeur d’Hénin-Liétard sur l’autoroute A1 a lieu le 23 septembre 1977. A cette époque, on compte environ 15 000 circulations par jour.

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   Aujourd’hui, l’autoroute A21 (ou rocade minière), relie l’ A26 au niveau de Aix-Noulette à l’A1 au niveau d’Hénin Beaumont et à l’A2 au niveau de Douchy-les-Mines, en contournant les villes de Lens, Liévin et Douai. Un prolongement est projeté vers Valenciennes. Près de 80000 véhicules l’empruntent chaque jour.


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Cafés et estaminets lensois à l’aube du XXème siècle

Posté par Le Lensois Normand le 25 octobre 2011

 Au moment du passage entre les 19è et 20è siècle, le centre-ville de Lens a vu s’implanter de nouveaux commerçants dont quelques cafés ou estaminets. On parle bien du centre ville car pour la Compagnie des Mines de Lens, il est inconcevable, à l’époque, d’autoriser l’ouverture de ce genre de commerce dans les corons. Il faut absolument faire tout pour empêcher les mineurs, très revendicatifs et fortement syndicalisés, de se regrouper.

C’est donc au centre ville que se passeront les grandes discutions. Quelques grands représentants des mineurs comme Basly, Lamendin ou Broutchoux, licenciés des Compagnies pour leur action syndicale, se lancent dans ce commerce. Celui d’Emile Basly s’appelle ‘Le Café du XIXème siècle’. (Jean Bouriez, ‘Quelques noms du syndicalisme minier’, 1982).

C’est d’ailleurs au Café Carpentier, rue de la Paix, qu’était le siège du ‘Vieux Syndicats’.

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Voici le même lieu où il inscrit sur la porte ‘Bureau Syndical’.

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D’autres lieux de rencontre de l’époque :

Le bar des Sports

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Le café Isidore (peut être Route de Béthune)

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Le café Dehondt (Avenue du 4 Septembre)

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Le café de la Belle Vue (rue Diderot)

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L’Excelsior de Henry Scohy

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Le café estaminet de Louis Laurent

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Le café Raoult, rue de Paris, voisin de la Maison du Peuple, lieu de rencontre du ‘jeune Syndicat’ de Broutchoux

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Le café Dacheville se trouvait rue Gambetta

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Le café Métropole, rue de la Gare

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face au quel on trouvait le café Derache qui deviendra bientôt le Théätre

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L’estaminet de la Brasserie ‘Chez Suzanne’, rue Voltaire

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Un café auberge, rue Victor Hugo

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Le café Moderne Bocquillon vante la bière d’Armentières

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Un ‘café-écurie’ Godard-Debondt

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Et pour finir, le grand café-retaurant qui se trouvait Boulevard des Ecoles où on pouvait lire sur l’enseigne : ‘A la Chope du Nord, tout est bon’.

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   En complément de l’article précédent sur les commerces lensois de l’époque, voici une photo que j’ai trouvé depuis, elle représente la rue de la Gare (entre la rue d’Avion et la Place de la République). On peut voir de nombreuses échoppes comme un coiffeur, une magasin de lingeries, un autre de chaussures avant le chapelier Vallentin. Sur le trottoir d’en face, après le café, il y a un commerce de machines à coudre. Un peu plus loin, on distingue l’enseigne du Grand Hôtel.

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